Rock & Folk

Funkadelic

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“ONE NATION UNDER A GROOVE” WARNER

Créant un effet de surprise total, il arrive que des artistes noirs sortent des oeuvres totalement originales, inconcevab­les dans le contexte du ghetto de la musique noire qui semble de plus en plus totalement acharnée à vendre, vendre, vendre. Ces disques se comptent sur les doigts d’une main et pourtant, Sly Stone, Marvin Gaye, Curtis Mayfield ou Prince ont réussi à enfoncer tous les barrages une fois au moins dans leur carrière, se jouant des étiquettes, publiant de véritables monuments, d’une ambition démesurée, qui prouvent que certains artistes ne renoncent pas. George Clinton, lui, a enfreint toutes les lois à chaque disque et en a publié une cinquantai­ne... Dans le cas de ce projet faussement double et délirant qu’est “One Nation Under A Groove”, il faut rappeler que le public américain s’est lui aussi bousculé à la porte du chef-d’oeuvre. Devenu culte en Grande-Bretagne au début des années 80, le disque a fait l’objet d’analyses délirantes. A la réécoute, “One Nation...” n’a pas subi l’outrage du temps. Les grooves creusés par Bootsy Collins, les rythmiques infernales, les slogans rigolards ou bulleux de Clinton, tout passe encore merveilleu­sement la rampe, sans nostalgie aucune. Mais impossible d’aller plus loin sans parler des guitares. Fanatique de Jimi Hendrix, Clinton avait assemblé un solide brelan de tirailleur­s : Garry Shider, Michael Hampton et Eddie Hazelsontd’ extraordin­aires solistes. Ils se relaient pour faire miauler des wah-wah, gicler d’incroyable­s fuzz et livrer de longues échappées free. Bernie Worrel fait merveille aux synthés et Clinton est libre d’endosser toute une panoplie de rôles iconoclast­es, allant du prêcheur furibond à l’extraterre­stre barjot fraîchemen­t débarqué de la planète Splurge (sic). Le titre phare est bien sûr “One Nation” (sept minutes de groove au cours desquelles il se passe sans cesse quelque chose). Directemen­t derrière, l’énorme “Who Says A Funk Band Can’t Play Rock” puis“Pro mentalshit­b ac kwashpsych­o si s Enema Squad (The Doodoo Chasers)”, incroyable­ment zappien... En finale de ce jouet cosmique, tout le monde reprend le “Maggott Brain” du premier album, c’est la version live de ce morceau que Clinton recommanda­it à ses guitariste­s de jouer en imaginant qu’ils “étaient l’esprit de Hendrix partant dans le Grand Cosmos après sa mort”... Le vrai président Clinton ?

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