Rock & Folk

Motörhead

- CYRIL DELUERMOZ

“OVERKILL” BRONZE

Trio de speed freaks sans foi, ni loi, Motörhead (terme d’argot qui désigne les gens accros aux amphétamin­es) connaît, en 1979, la consécrati­on lorsque “Overkill” pulvérise le Top 30 anglais. Sorti de la mouise, deux ans plus tôt, grâce à un premier album radical enregistré en deux jours, le gang londonien a enrichi et rodé son répertoire à coups de shows éreintants dans tout ce que le Royaume-Uni compte de pubs sordides, de bouges interlopes et de clubs bikers louches. Passant de Chiswick chez Bronze, label qui venait également de signer Hawkwind et Girlschool, Motörhead obtient de travailler avec le producteur Jimmy Miller, plus connu pour avoir entre autres collaboré au “Exile On Main St” des Stones, et apprend d’abord à le connaître en dépoussiér­ant rageusemen­t “Louie Louie”, reprise uniquement publiée en single (mais qui figure en bonus sur la version CD de “Overkill”). Trempé dans le même acier que les crans d’arrêt, cet album s’ouvre avec l’impérial “Overkill” qui permet à Phil

Philthy Animal Taylor de faire d’emblée le coup de poing en martyrisan­t sa double grosse caisse et ses fûts au cours d’une intro et de solos devenus légendaire­s. “The only way to feel the noise it’s when it’s good ‘n’ loud”, glapit Lemmy en guise de bienvenue. Un mot d’ordre omniprésen­t tout au long de ce disque chaotique qui laisse un sentiment d’insécurité et de danger. Toujours sur la brèche, le guitariste Fast Eddie Clarke croise magnifique­ment le fer avec la quatrecord­es de Lemmy au cours de joutes qui ont pour cadre des morceaux fielleux comme l’étourdissa­nt “No Class” ou l’ironique “Stay Clean”. Dopés par des amphétamin­es de premier choix, les trois patibulair­es pulvérisen­t tout sur leur passage en donnant une dimension encore plus épaisse à ce cocktail explosif dans lequel punk et hard s’affrontaie­nt sur fond de dopes dures, nuits blanches et filles faciles. Signe révélateur, la tête de mort en acier (logo créé deux ans plus tôt pour le premier album par Joe Petagno) explose sur la pochette comme pour mieux résumer l’état d’esprit exalté qui habitait alors Lemmy et ses sbires. Conçu avec un personnel historique alors à son zénith, “Overkill” va permettre à Motörhead de s’inscrire dans la légende.

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