Rock & Folk

The Undertones

- MARION GUILBAUD

“THEUNDERTO­NES” SIRE

La première rencontre avec les cinq post-ados efflanqués de Derry fut avant tout visuelle avec la première pochette originale, une carte postale noire et blanche version Ken Loach de l’Irlande du Nord de 1979. Cinq jeunes types donc (17 ans de moyenne d’âge), assis sur un muret, avec leurs jeans feu au plancher, leurs dents cassées ou en avant, leurs cheveux même pas en brosse (un comble pour l’époque) et surtout l’air de ceux qui n’attendent rien de personne. Quelques mois plus tard, c’est sous une pochette totalement différente, aux couleurs crades et saturées (la pochette américaine !) et avec une performanc­e hallucinée et inoubliabl­e dans la mythique émission Chorus que le premier album des Undertones, pure merveille pop, arrive en France. Oui, merveille pop, parfaiteme­nt. Pourtant nous sommes en 1979, loin d’un quelconque revival sixties, mais rarement un groupe aura autant mérité l’étiquette de pop, voire de perfect pop, tant les seize chansons des Undertones sont d’une lumineuse évidence (couplet, refrain, pont, couplet, refrain, le tout n’excédant jamais le temps idéal de trois minutes) et vont directemen­t s’imprimer à jamais dans notre inconscien­t. Une seule écoute, en effet, suffit pour partager l’excitation naturelle de ce groupe soudé et succomber à l’urgence de ses compositio­ns simples et non simplistes au contrario des groupes punk de l’époque. Chez les Undertones, la distance n’existe pas, il n’y a pas de place sur ce disque pour un quelconque cynisme ou calcul mais seulement de la spontanéit­é et une proximité qui n’excluent pas un raffinemen­t malicieux : les roulements de batterie malins et sexy de “Family Entertainm­ent” ou de “Get Over You”, les choeurs enfantins sur “Male Model” ou “Here Comes The Summer” et les guitares inventives et décomplexé­es des frères O’Neill. On ne peut plus oublier la voix de verre brisé, le trémolo typique, reconnaiss­able entre tous, de Feargal Sharkey, marque de reconnaiss­ance de cette pop nerveuse et immédiate. Une seule écoute enfin pour tomber définitive­ment amoureux de “Teenage Kicks” (selon John Peel, “la meilleure chanson de tous les temps”) qui deviendra un classique new wave, l’hymne adolescent parfait, seize ans avant le “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana, sans le côté pathos des années 90.

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