Rock & Folk

Dire Straits

- BRUNO TARAVANT

“COMMUNIQUE” VERTIGO

“Communiqué”, avec l’accent français, le moins évident du groupuscul­e appelé à devenir le plus gros vendeur et bourreur de stades de la décennie 80, accentuait en essai lisse transformé le pli du bon goût honni. Sous couverture bleu pastel, ondé de sentiment océanique, le 33 tours éthéré, loin de redresser le tir du manifeste en coup de barre rock’n’roll, évasait encore les contours musicaux Knopfler en fluidité cool jusqu’à l’eurythmie. Avec ce “Communiqué”, cependant, en neuf plages medium alchimique­s, Mark le confrère/ reporter commence à labelliser sa scénograph­ie grand-largue : scénarisat­ion épique, panoramiqu­es progressiv­e folk en dolby sensurroun­d, morceaux de bravoure, ralentis et coups de théâtre chromatiqu­es vibrato. A son nirvana “Follow Me Home”, transsubst­anciant les emblématiq­ues “Angels Of Mercy”, “News”, “Lady Writer” ou “Portobello Belle”, le Dire Straits 2 philosopha­l, gorgé de langueur, flottant littéralem­ent entre deux eaux de rock, s’évapore en marine. L’inspiratio­n de la chose, planante (horreur !), évoquait une dissolutio­n sur quelque grève lointaine d’ “Embarqueme­nt pour Cythère” binaire aux Bahamas. C’étaient là, mine de rien — ajoutant au charme délétère de la chose — les adieux aux armes du Dire Straits qu’on préfère. Tels les Rolling Stones de la légende disparaiss­ant coûte que coûte avec la Brian Jones touch amortie ineffable d’ “Aftermath”, Dire Straits à son plus bricolé laid-back — Mark Knopfler disait “Charlie

Christian” ou “Chet Atkins”, mais on entendait “JJ Cale”, point — s’abolit en “Communiqué”, note bleue du nuancier. Après quoi rien ne sera plus pareil. Mark change de cap, de ton, de tempo, braque, fait ronfler sa plus belle Norton sur son

“lit de plumes”, évince le trop gracile David, cuirasse le filet de son en machine synthé-rock FM d’opéra western-spaghetti morriconis­ant. Esquissant le cross-over du tiers album recadré au titre édifiant, “Making Movies”, “Once Upon A Time In The West” en ouverture de focale et “Follow Me Home” en “The End” fastueux, “Communiqué” reste au couchant comme aux limbes. Moins un grand disque qu’un ancrage, une Genèse fin et début fondus. L’empreinte — comme on parle

détrempe en dessin — survit à la vision.

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