Dire Straits
“COMMUNIQUE” VERTIGO
“Communiqué”, avec l’accent français, le moins évident du groupuscule appelé à devenir le plus gros vendeur et bourreur de stades de la décennie 80, accentuait en essai lisse transformé le pli du bon goût honni. Sous couverture bleu pastel, ondé de sentiment océanique, le 33 tours éthéré, loin de redresser le tir du manifeste en coup de barre rock’n’roll, évasait encore les contours musicaux Knopfler en fluidité cool jusqu’à l’eurythmie. Avec ce “Communiqué”, cependant, en neuf plages medium alchimiques, Mark le confrère/ reporter commence à labelliser sa scénographie grand-largue : scénarisation épique, panoramiques progressive folk en dolby sensurround, morceaux de bravoure, ralentis et coups de théâtre chromatiques vibrato. A son nirvana “Follow Me Home”, transsubstanciant les emblématiques “Angels Of Mercy”, “News”, “Lady Writer” ou “Portobello Belle”, le Dire Straits 2 philosophal, gorgé de langueur, flottant littéralement entre deux eaux de rock, s’évapore en marine. L’inspiration de la chose, planante (horreur !), évoquait une dissolution sur quelque grève lointaine d’ “Embarquement pour Cythère” binaire aux Bahamas. C’étaient là, mine de rien — ajoutant au charme délétère de la chose — les adieux aux armes du Dire Straits qu’on préfère. Tels les Rolling Stones de la légende disparaissant coûte que coûte avec la Brian Jones touch amortie ineffable d’ “Aftermath”, Dire Straits à son plus bricolé laid-back — Mark Knopfler disait “Charlie
Christian” ou “Chet Atkins”, mais on entendait “JJ Cale”, point — s’abolit en “Communiqué”, note bleue du nuancier. Après quoi rien ne sera plus pareil. Mark change de cap, de ton, de tempo, braque, fait ronfler sa plus belle Norton sur son
“lit de plumes”, évince le trop gracile David, cuirasse le filet de son en machine synthé-rock FM d’opéra western-spaghetti morriconisant. Esquissant le cross-over du tiers album recadré au titre édifiant, “Making Movies”, “Once Upon A Time In The West” en ouverture de focale et “Follow Me Home” en “The End” fastueux, “Communiqué” reste au couchant comme aux limbes. Moins un grand disque qu’un ancrage, une Genèse fin et début fondus. L’empreinte — comme on parle
détrempe en dessin — survit à la vision.