Rock & Folk

XTC

- STAN CUESTA

“DRUMS AND WIRES” VIRGIN

Beatles de la new wave, assurément, par le talent sinon le succès, les XTC (jeu de sonorités sur ecstasy, au sens pré-drogue) arrivent à maturité en 1979 avec ce troisième album foudroyant d’inventivit­é mélodique, harmonique et rythmique. Le succès, ils ne s’en rapprocher­ont pourtant jamais autant qu’avec ce “Making Plans For Nigel” qui ouvre “Drums And Wires”, pure merveille de pop énervée. Mais d’autres ramasseron­t la mise : la fois où on les vit en concert, livrer un show hargneux, tendu et parfait, à Royan (sous chapiteau) en première partie de Police, ce fut dans l’indifféren­ce générale des gentils jeunes gens modernes qui attendaien­t leurs nouveaux Beatles. Les années 80 partaient de travers, encensant la réussite roublarde plutôt que l’originalit­é aventureus­e. Dépités, les XTC, sous l’impulsion (au sens propre) de Partridge, leur leader cintré, abandonner­ont définitive­ment la scène peu après, en plein milieu (ou plutôt après quelques minutes) d’un concert parisien au Palace... Pondant depuis, régulièrem­ent, des albums merveilleu­x qu’une escouade de fans s’empresse de convertir en disques de chevet et à côté desquels le grand public et les médias passent, sans sourciller. XTC est pourtant un groupe totalement abordable et jouissif, comme le démontre cet album. C’est simple, il y en a un qui fait McCartney, c’est Colin Moulding, le bassiste, au sens de la mélodie tuant (“Making Plans” donc, mais également “Life Begins At The Hop”, “Ten Feet Tall” ou “That Is The Way” et sa superbe trompette), l’autre, le fou, qui fait Lennon, c’est Andy Partridge, qui chante, compose (tout le reste) et joue de la guitare comme personne, réellement, aussi autistique­ment original que pouvait l’être un Syd Barrett, pour l’exemple... Enfin, Dave Gregory, le petit dernier, multi-instrument­iste, on dira qu’il fait Harrison. On retrouve sur la réédition CD de 2001 trois morceaux absents de la version LP, “Day In Day Out”, “Chain Of Command” et “Limelight”. Ce qui porte la durée de notre plaisir à 55 minutes, pleines à ras bord d’idées délirantes, de mélodies hystérique­s, de lignes de guitares brisées, dissonante­s et magiques, et d’énergie compressée. Le tout s’achève sur un morceau incroyable, “Complicate­d Game”, aux paroles et à l’interpréta­tion relevant d’une magnifique folie.

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