Dexys Midnight Runners
“SEARCHING FOR THE YOUNG SOUL REBELS” PARLOPHONE
En 1980, tandis que les Buzzcocks tiraient leur révérence, une nouvelle ère débutait et l’apparition d’un album monumental allait réchauffer l’atmosphère. Alors que Banshees, Joy Division, Cure et autres jeunes gens tourmentés installaient l’âge de glace, une bande de gonzes sapés comme un croisement entre les protagonistes de “Mean Streets” et les prolos fans de Northern Soul vers 1974 débarquait en force avec, sous le bras, un disque extraordinaire. Lequel s’ouvrait par le son d’un tuner à la recherche de la bonne fréquence, zappant entre Sex Pistols et Specials, avant de débuter réellement au son de cuivres arrogants. Stupéfaction générale. Immédiatement adopté par les mods du revival, “Searching For The Young Soul Rebels” devait ridiculiser tous les Chords, Purple Hearts et compagnie qui, en matière de modernism, ne faisaient que du mauvais punk à la sauce power pop, s’apercevant qu’ils étaient totalement passés à côté de ce qui aurait dû être leurs véritables influences : la Soul, avec un s majuscule. Même Paul Weller en fut traumatisé et devait nourrir à l’égard des Dexys une jalousie tenace. Il faut dire que Kevin Rowland et sa troupe faisaient fort : les cuivres étaient utilisés comme dans la soul (voire le jazz) et non comme chez Springsteen ou les Clash, les compositions étaient grandioses, osant parfois le truc risqué de l’instrumental (somptueux “The Team That Meet In Caff”) et les références parfaites (Geno Washington et même une reprise d’un classique northern, “Seven Days Too Long”). La voix de Rowland, étranglée, divisait entre admiration et irritation profonde, mais il était évident que ce disque à la pochette historique était un sacré chef-d’oeuvre se terminant sur un autre hymne fantastique, le très chic “There, There, My Dear”. Cet album mythique ayant été produit comme un disque de soul sixties, renonçant à tous les gadgets sonores de 1980, il est de ce fait devenu immortel et s’écoute aujourd’hui dans toute sa grandiose intemporalité. Les Dexy’s allaient bientôt changer de direction pour aborder les parages de la musique celtique, Rowland signant un tube monstrueux (et devenu insupportable) avec “Come On Eileen” sur l’album “Too-Rye-Ay” en 1982, mais il ne faut pas s’y tromper : c’est bien ce premier album qu’il faut avoir.