Rock & Folk

Basement 5

- VALERIE COROLLER

“1965-1980/ BASEMENT 5 IN DUB” ISLAND

Qui est le plus punk ? Sid taquinant l’aiguille avec Nancy ? Bob prônant la “Punky Reggae Party” ? Chris construisa­nt sa propre île aux trésors ? Clash révolution­nant le dub sous pavillon sandiniste ? Martin Hannett produisant U2 ? PiL enfermant trois vinyles sous “Metal Box” ? L’avenir laissera à chacun le droit de choisir son passé no

future sauf que le fondateur de Basement 5, Dennis Morris, se place au carrefour de tous ces points d’interrogat­ion. Découvrant du haut de ses quatre pommes le fog londonien, l’émigré jamaïcain flashe sur la pellicule, mitraille en 1974 la première tournée anglaise des Wailers avec lesquels il noue des liens étroits puis, repéré par le grand pif de McLaren, traîne dans le sillage Sex Pistols dont il sort juste avant la Titanic tournée américaine. Débarquant chez Island, le nouveau responsabl­e artistique prend le temps de concevoir le logo et les deux premiers emballages

PiLiens. Croupissan­t quelques nuits à l’aube des années 80 dans une geôle de Brixton, le suspect basané est bientôt totalement blanchi mais il a l’illuminati­on Basement 5. Réfugié dans l’appart’ de Blackwell, il lance le premier jet de brûlots couvrant ses années “1965-1980” puis confie les manettes de la production à l’homme de la Factory mancunienn­e, Martin Hannett, qui cisèle trois facettes black and white. Première facette. “Riot” et ses sirènes hurlantes, “Last White Christmas” et ses six-cordes incisives et flamboyant­es, “Immigratio­n” et son beat ska s’inscrivent dans une veine contestata­ire rasta-punk dont la fougue quasi primesauti­ère rappelle de contagieux élans clashiens. Deuxième facette. “No Ball Games”, “Hard Rock”, “Too Soon” et “Omega Man” aux textes éructés des profondeur­s tailladent des veines nihilistes dont le sang noir très noir rappelle Joy Division. Troisième facette. “Basement 5 In Dub” et ses cinq instrument­aux ralentisse­nt le tempo et se placent sous un ciel rastafarie­n plus serein, parfois troublé de reverb larsenisée. Epilogue en trois volets. En 1982, Basement 5 donne aux Bains-Douches ce qui deviendra son dernier concert et se dissout à Clermont-Ferrand. Avril 1991, Martin Hannett tire définitive­ment sa révérence, à 42 printemps. Entre les deux, une Black Rock Coalition se forme outre-Atlantique avec Living Colour et les Red Hot Chili Peppers tandis que la rébellion növo-dub fomente outre-Manche. Merci, ô précurseur.

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