Rock & Folk

Tom Tom Club

- JOHAN DALLA BARBA

“TOM TOM CLUB” SIRE

Début 81, fin de la tournée promo “Remain in Light” : Tina Weymouth et Chris Frantz, bassiste et batteur des extraordin­aires Talking Heads retournent aux Bahamas où une partie du disque avait été enregistré­e moins d’un an plus tôt. Le projet ? Atelier créatif en l’absence de David Byrne, dont les tendances despotique­s agacent un peu. Si l’environnem­ent est familier, l’idée est de se défaire du style habituel. Il ne sera pas ici question d’expériment­ations enoesques. Suite à la défection de Lee Scratch Perry, le couple aura même la mainmise sur la production... Influences ? Le reggae, Zapp, Kraftwerk et B-52s. En quelques jours, le squelette des succès que deviendron­t “Wordy Rappinghoo­d”, “Lorelei” ainsi que du mastodonte “Genius of Love” sont en boîte. Chris Blackwell, bon génie et maître des lieux, est enthousias­mé. Originelle­ment parti pour n’enregistre­r qu’un single, le duo a maintenant la charge d’un album. Weymouth, très inspirée, s’adjoint alors les services de ses soeurs Lani et Laura. D’une seule voix puérile, elles chanteront des paroles de cour de récréation sur des rythmiques sombres et exotiques qui rendraient ses jambes à un homme-tronc : le Tom Tom Club est né. Aux Compass Point Studios, l’atmosphère et l’époque sont propices à la spontanéit­é. Quand les couplets ne sont pas à l’unisson, la bassiste s’essaie au rap ou au français ; les copains Sly & Robbie, dans les parages pour travailler avec Grace Jones, passent donner du handclap ; à la guitare, tout est autorisé à Adrian Belew. Sachant jouer

Chic pour la reprise du standard “Under The Boardwalk” ou monstrueus­ement distordu (“L’Eléphant” où on l’entend... barrir), le futur King Crimson réalise les douze travaux d’Hercule et cimente le tout de son inventivit­é formelle. Et partout en stéréo, Steven Stanley (prodige des faders de 23 ans et artisan majeur du son du groupe) éparpille une infinité de gimmicks percussifs noyés d’effets. Le résultat est addictif. Plus qu’une agrégation de tubes sans âge samplée à l’infini par la prochaine génération de producteur­s hip hop ; bien mieux qu’un trop réducteur addendum à la biographie de l’intouchabl­e groupe-mère : le partyrecor­d ultime. Un barbecue ? Tom Tom Club. La Saint Sylvestre ? Tom Tom Club. Une partie fine ? Tom Tom Club. On recommande­ra la version deluxe de l’album où figure, outre les remix d’époque, un deuxième album sous-estimé.

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