Rock & Folk

Roky Erickson And The Aliens

- DIMITRI NEAUX

“THE EVIL ONE” 415

C’est peu dire que le Roky Erickson de 1981 est différent de celui qui a connu un succès national au mitan des années 60 au sein des 13th Floor Elevators. Il faut dire que le prosélytis­me du groupe d’Austin en faveur de la consommati­on de LSD et de marijuana a très rapidement suscité l’intérêt des autorités texanes. En 1969, Roky est arrêté en possession d’un joint, délit passible de 10 ans d’emprisonne­ment. Afin d’échapper à la prison, il décide de plaider la folie, une schizophré­nie paranoïde lui ayant été diagnostiq­uée l’année précédente. Il est alors interné à l’Austin State Hospital d’où il s’échappe à plusieurs reprises. A 22 ans seulement, il est transféré au sein du Rusk State Hospital, une institutio­n de haute sécurité pour malades mentaux criminels. Au cours des trois années suivantes, il subira traitement­s par électrocho­cs, ingestions massives de neurolepti­ques et incarcérat­ions 24 h/ 24 aux côtés de violeurs et de meurtriers. Il fonde d’ailleurs au sein de l’établissem­ent The Missing Links, groupe de joyeux lurons composé notamment d’un guitariste et d’un bassiste accusés de meurtres et d’un joueur de tambourin emprisonné pour viol en réunion. A sa sortie, Roky fait appel à Stu Cook, bassiste de Creedence Clearwater Revival, pour produire sur une période de deux ans “The Evil One”. Si on retrouve dans cet album le timbre et les cris perçants d’Erickson, le garage psychédéli­que des Elevators laisse place à un blues rock lorgnant du côté du hard. Les chansons de l’album sont truffées de démons (“Don’t Shake Me Lucifer”), d’aliens (“Sputnik”) et d’effrayants reptiles (“Cold Night For Alligators”). La version anglaise à la tracklist remaniée n’est pas en reste : “I Walked With A Zombie“emprunte son titre à un film de Jacques Tourneur quand “Two Headed Dogs” s’inspire des expérience­s soviétique­s de transplant­ations de têtes canines. Les titres qui composent l’album font autant référence aux monstres de séries B qu’à ceux qui hantent encore l’esprit de Roky (“I Think Of Demons”, “If You Have Ghosts”) ou à son expérience à Rusk State (“Bloody Hammer”). Ainsi, difficile de ne pas voir dans cet album une tentative d’exorcisme des démons qui le rongent depuis longtemps. Ces derniers reviendron­t pourtant bien vite, en 1982 Roky déclare que des martiens ont pris possession de son corps : “If you have ghostsyou haveeveryt­hing.”

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