Oasis
“(WHAT’S THE STORY) MORNING GLORY ?”
Il fallait du cran à Noel Gallagher pour composer ce deuxième album d’Oasis, tant il lui était demandé. Blur avait gagné la bagarre des singles et dans l’esprit lad des Mancuniens, il convenait de clouer le bec des Londoniens. Bien sûr, Oasis devait conserver ce comportement stéréotypé des rock stars d’autrefois et qui plaisait bien aux fans : se coltiner les photographes, tituber au bras d’actrices, balancer des propos limite à l’encontre du groupe ennemi, s’engueuler, aimer le foot. On attendait d’Oasis qu’il se comporte en Pistols tout en composant à la Beatles... Quand paraît “(What’s The Story) Morning Glory ?”, Noel Gallagher a 28 ans et Liam, 23. Ils sont Oasis. Seulement Oasis, mais en 1995, cela va suffire. Car l’intelligence instinctive du groupe se situe dans la confiance absolue qu’il a en son savoir-faire et dans l’instantanéité du plaisir que sa musique doit procurer. Noel Gallagher propose donc une vision rétro et britannique en adéquation avec le dégoût du grunge finissant et américain. Vision faite de polos Ben Sherman, de parka mod et de matériel vintage. Vision faite de pastilles multicolores qui synthétisent musicalement un jour dans
la vie d’un gamin de l’époque. Comme si l’onirique héros de l’album cherchait pour sa flânerie une mélodie dans son bac à disques mental. “Hello” et “Roll With It” seraient les morceaux du matin. Tôt. Quand l’alcool termine de se diluer. Puis viendraient ceux du retour à la réalité, où l’on hurle à son miroir de salle de bain l’amour qu’on n’a pas osé déclarer la veille (“Wonderwall”, “Don’t Look Back In Anger”). “Cast No Shadow” conclut la journée et “Morning Glory”, malgré son titre, propulse vers une nouvelle nuit sans sommeil jusqu’à la désillusion des matins désabusés.
Un jour dans la vie des frères Gallagher. De Noel, 28 ans, et de Liam, tout juste 23.