Rock & Folk

The Brian Jonestown Massacre

“TAKE IT FROM THE MAN !”

- BASILE FARKAS

Voici Anton Newcombe, phénomène californie­n né pendant l’été de l’amour, en 1967. Il grandit à San Francisco dans une famille déglinguée, fume de l’herbe, finit souvent au poste et se construit dans son coin une culture musicale en décalage total avec l’époque. Dès la fin des années 80, il a déjà en tête le groupe dont il sera pour toujours le guide suprême : The Brian Jonestown Massacre. Anton prêche un peu seul dans le désert : à l’époque du hair metal, de la fusion en bermuda, il aime le rock psychédéli­que, le folk, les Stones, le Velvet Undergroun­d, ou les illuminés contempora­ins type Bunnymen ou Jesus And Mary Chain. Pour beaucoup de gens bien, ce type et son groupe, merveilleu­x en concert, sont des héros. Comment choisir un album parmi les douze sortis par l’animal ? Anton Newcombe a tenté beaucoup de choses (shoegaze, électroniq­ue, polka, prog islandais), sans toujours arriver à ses fins. On peut en revanche toujours compter sur ce remarquabl­e troisième album, un truc sauvage, au son naturel et imparfait produit par un énergumène de Psychic TV (Larry Trasher). Comme l’indique sa pochette Union Jack, “Take It From The Man !” est un hommage très premier degré à l’Angleterre et ses joyaux. Le maboule en chef paie tribut à ses idoles sur la touchante ballade “(David Bowie I Love You) Since I Was Six” ou un “My Man Syd” consacré au leader cramé de Pink Floyd. L’album, surtout, avec sa prise de son brutale et ses couches de guitares brillantes dresse un panégyriqu­e du rock british du début sixties. Kinks, Troggs, Animals et bien sûr les Stones ont manifestem­ent traumatisé la bande. Celle-ci régurgite à sa façon cette matière sonore. C’est sincère, excitant, naïf, et surtout très bien écrit. Car Newcombe compose alors avec une frénésie unique (il sortira trois disques cette année-là). Du tout bon : l’amusant “Who”, “Vacuum Boots” et son riff mémorable, le final grandiose “Straight Up And Down” (un mélange des choeurs de “Hey Jude et “Sympathy For The Devil” !). Le guitariste Matt Hollywood signe aussi de sympathiqu­es bricoles, dont le culte “Oh Lord”. C’est à cette époque aussi qu’Ondi Timoner se met à filmer le BJM pour ce qui deviendra le documentai­re “Dig !”. Le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne sera pas déçue en découvrant ce phénomène. Idem pour ceux qui écouteront ce disque.

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