Rock & Folk

The Chemical Brothers

“DIG YOUR OWN HOLE”

- STEPHANE HERVE

Les Chemical Brothers sont de grands mômes, des kids fans de musique un peu trop fainéants pour faire des gammes sur une guitare et pour aller répéter deux fois par semaine dans un local pourri de l’East London... Emporté par la culture hip hop, le funk, la techno et une collection­nite aiguë du vinyle, le duo sombre vite dans la culture club et devient entertaine­r de nuit dans les boîtes du Royaume-Uni. De fil en aiguille, Tom Rowlands et Ed Simons apprennent à manipuler boutons, samplers, boîtes à rythmes, passe-haut et passe-bas, pour finalement accéder à un niveau suffisamme­nt stupéfiant pour se prendre au jeu de l’artiste... dont ils endossent le costume sur les singles “Leave Home” ou encore “Chemical Beats”. Leur premier album, “Exit Planet Dust” faisait découvrir à l’auditeur quelque chose de différent, puissant et jouissif, un mélange d’inconscien­t collectif disco, house, rap et rock orchestré par des chirurgien­s du cut et des prolos du groove qui vont, enfin, faire passer sur disque cette sensation live et rare des sets de DJ. “Dig Your Own Hole”, deuxième album du duo, est pourtant attendu de pied ferme par la presse doutant de la capacité du

groupe à faire évoluer sa formule. Erreur, “Dig...” s’avère un disque hautement réfléchi, parce que les Chemical Brothers ont bien compris qu’il ne suffit plus d’aligner des lignes de basse, des boîtes à rythmes et un gimmick pour surprendre. Le duo réussit donc ce que beaucoup tenteront désormais de réaliser, mélange de boucles, de synthés analogique­s, mais également de samples live et chantés (l’intro de “Block Rockin’ Beats” prise chez Schooly D, la voix de Beth Orton sur “Where Do I Begin” ou celle de Noel Gallagher sur “Setting Sun”). Dès lors, les Chemical abandonnen­t la course au trône d’empereur du big phat beat menée par The Prodigy, Headrillaz ou Genacyde II, pour emprunter le chemin et prendre l’allure d’un excellent groupe de rock pas ordinaire mais groupe de rock tout de même (voir le gimmick de “Dig Your Own Hole”, celui de “Setting Sun” ou les délires hendrixien­s de “Get On Up It Like This”). “Dig Your Own Hole” réussit donc le pari de conserver la force électroniq­ue des Chemical Brothers, la dynamique de leur cut, de leur excellent mauvais goût et de prouver une fois de plus que le rock n’est pas mort.

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