Supergrass

“IN IT FOR THE MONEY”

Gang de petits teigneux originaires d’Oxford, Supergrass a percé en 1994 avec le single “Caught By The Fuzz” puis avec “I Should Coco”, son premier album. Un recueil rafraîchissant de rock à la fois pop et indie dans lequel se télescopaient insouciance, naturel et sens de la mélodie. Se sachant attendu au tournant par une presse et un public prompts à descendre ce qu’ils avaient encensé la veille, le trio ne manque pas son retour en 1997 avec “In It For The Money”, deuxième album au titre ironique qui résume bien l’état d’esprit déjanté qui le hante. Pour preuve, l’intro très courte sonnant comme du Electric Light Orchestra avant que le groupe ne coupe court à ces velléités passéistes en attaquant un “Richard III” aussi enlevé que pugnace avec des guitares que ne renieraient ni Elastica, ni les Pixies. Avec “Tonight”, les Supergrass prouvent qu’ils ont mûri, conservant la tonicité omniprésente sur “I Should Coco” qui se trouve musclée par l’heureuse présence d’une section de cuivres. Sur “Late In The Day”, le chanteur Gaz Coombes et ses séides optent pour une semi-ballade qui vire rock hippy sautillant, ponctué de claviers, pour exprimer l’exil amoureux. Comme leurs aînés Small Faces ou Kinks, ils revisitent à leur manière le blues sur “G-Song”, un morceau vintage accrocheur. Vient ensuite “Sun Hits The Sky”, chanson hédoniste menée tambour battant et aussi ensoleillée que le désert libyen. Un titre qui connaîtra son succès en single comme l’aurait mérité “Going Out”, nouveau clin d’oeil aux swinging sixties anglaises avec un refrain enjôleur et le retour de cuivres imposants. La grande qualité des compositions de “In It For The Money” ne se déprécie pas avec l’acoustique “It’s Not Me” sur lequel Gaz Coombes a des intonations à la Thom Yorke, pas plus que sur le dansant “Cheapskate” lacéré par des riffs piquants. Supergrass occupe de nouveau le terrain poppy avec l’attachant “You Can See Me” avant de terminer sur l’étonnant “Sometimes I Make You Sad” qui aurait pu figurer sur “Yellow Submarine” des Beatles. Mieux qu’une quelconque redite, “In It For The Money” prouve que Supergrass a su évoluer et s’améliorer.