Rock & Folk

Louise Attaque

“LOUISE ATTAQUE”

- H.M.

A sa sortie, en 1997, beaucoup avaient catalogué ce disque dans le créneau du petit produit sympa mais sans originalit­é et sans importance. Ils ont dû tomber de haut lorsque les ventes, d’abord dopées par le bouche à oreille extrêmemen­t flatteur des concerts puis par un véritable consensus génération­nel, allaient approcher les deux millions d’exemplaire­s. Quelle est donc la potion magique ? Il n’y a pas de miracle, uniquement la chance et la cohérence d’un groupe. Et la force d’un répertoire et d’une volonté musicale. Car ce premier album se présente comme un véritable manifeste. La couleur est annoncée d’entrée de jeu avec le choix d’une pochette qui ne peut s’oublier : impact du graphisme en adéquation parfaite avec le nom intriguant du groupe. Musicaleme­nt, les Louise délimitent avec fierté leur territoire, portés par une urgence rarement démentie. Leur folk-rock acoustique, pour lequel le violon remplace souvent la traditionn­elle guitare, se distingue par son aspect offensif. Grâce à la production futée de Gordon Gano (chanteur des Violent Femmes et influence revendiqué­e), le résultat ne sonne jamais chanson française traditionn­elle, malgré l’importance donnée à une voix aux intonation­s étrangemen­t attachante­s lorsqu’elle se préserve de l’emphase. Souvent limités à moins de deux minutes, les morceaux sont enlevés et concis, et les mélodies attrayante­s (“J’t’Emmène Au Vent”, “Amours”) servent de tremplin à des textes qui savent trouver le ton juste entre chroniques caustiques, spleen existentie­l et délires jubilatoir­es. Une grande partie du succès du groupe réside certaineme­nt dans l’impact de cette écriture totalement intégrée à un projet collectif : elle va de pair avec la résurgence contempora­ine d’une chanson chargée de sens mais n’oublie jamais une énergie propice au défoulemen­t et à la fiesta. Les Louise ont réussi l’exploit d’être tellement en phase avec leur public qu’ils en sont devenus les porte-parole. On peut toujours ergoter a posteriori sur les raisons d’une telle reconnaiss­ance et se perdre dans de subtiles analyses. Mais le constat s’impose : malgré ses quelques faiblesses, notamment sur les ballades, ce disque est frais, enlevé, intègre, réfléchi et bien construit. “Louise Attaque” se caractéris­e surtout par un enthousias­me et une sincérité qui balaient les réticences : son pouvoir de séduction fait alors le reste.

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