The Verve
“URBAN HYMNS”
Déjà riche de solides pièces concoctées par Radiohead, les Chemical Brothers et Prodigy, l’Angleterre de 1997 s’enrichit encore de la publication de l’oeuvre définitive de The Verve : “Urban Hymns”. Dans ce troisième album impérial et spatial, aussi limpide que tourmenté, le groupe de Wigan canalise son inspiration comme jamais, tout en domestiquant son
approche expérimentale. “Avec ‘Urban Hymns’, The Verve a fait un pas de géant et jamais je ne me suis senti aussi bon
compositeur qu’aujourd’hui”, confiait à l’époque le chanteur Richard Ashcroft. Deux ans plus tôt, The Verve s’était séparé dans la douleur, laissant le sentiment de ne jamais avoir pleinement exploité son potentiel conséquent. Une fois acquis le retour du guitariste Nick McCabe, condition sine qua non à la bonne marche de l’ensemble, le quatuor, augmenté du guitariste/ clavier Simon Tong, s’enferme en studio pendant six mois avec les producteurs Youth (ex-Killing Joke) et Chris Potter. Et les titres composés au départ par Richard Ashcroft pour un projet solo ou un nouveau groupe de prendre une dimension immense grâce à une alchimie entre toutes les influences de The Verve (du psychédélisme à Funkadelic en passant par la pop anglaise des années 60 et le rock anglais des années 80) qui tient peut-être du miracle. Sur le champ, “Bittersweet Symphony” est devenu un classique avec son intro de violons emprunté contre espèces sonnantes et trébuchantes à la version de “The Last Time” du Andrew Oldham Orchestra, une mélodie destinée à entrer au plus profond des cerveaux, servi en cela par la voix pénétrante d’Ashcroft. Le jeu de Nick McCabe est sidérant sur “The Rolling People”, morceau torturé sur lequel les guitares explosent pour mieux imprégner une rythmique presque groovy. Chanson consacrée à la défonce et à l’amour, “The Drugs Don’t Work” est une introspection en acoustique dans l’univers passionnel et excessif de Richard Ashcroft. On pourrait encore mentionner le presque planant “Catching The Butterfly”, le poignant “Lucky Man” ou “Come On”, remarquable exercice de psychédélisme à la The Verve. Le groupe n’a pas survécu à “Urban Hymns” mais il avait fait l’essentiel en enregistrant un album exceptionnel.