Calexico
“HOT RAIL”
Certains disques procurent d’emblée des sensations fortes, d’autres s’insinuent doucement, subtilement, sans effets spectaculaires dans nos panthéons personnels. Ceux de Calexico appartiennent à la seconde catégorie. Le percussionniste John Convertino joue déjà dans Giant Sand aux côtés de Howe Gelb lorsqu’il rencontre en 1990 le chanteur, bassiste et multiinstrumentiste Joey Burns. Le duo forme alors la section rythmique de Giant Sand jusqu’en 2002 tout en participant à des projets collectifs autour de Tucson (Arizona) comme Friends Of Dean Martinez, Band Of Blacky Ranchette et OP8. En 1995, il crée son propre groupe, d’abord pour accompagner différents artistes, puis pour son compte en adoptant le nom d’une ville frontière entre la Californie et le Mexique, Calexico. Les termes d’americana, ce reflet des cultures musicales américaines, d’indie rock ou d’alternative country sont parfaitement pertinents pour décrire la production de Calexico. “The Black Light”, en 1998, soutenu par d’excellentes critiques, lance véritablement la carrière du groupe. Les sonorités, les rythmes, les atmosphères définissent ainsi un style reconnaissable entre tous. Paru en 2000, peu après la collaboration avec Jean-Louis Murat pour “Mustango”, “Hot Rail”, souvent, à tort, considéré comme un simple prolongement de “The Black Light”, dégage une mélancolique beauté qui lui est propre. Après l’introduction tex-mex et cinématographique d’ “El Picador”, dans “Ballad Of Cable Hogue”, une référence au film de Sam Peckinpah tourné dans le désert de l’Arizona, Burns mêle sa voix à celle de la chanteuse française Marianne Dissard. S’ensuit une judicieuse alternance si caractéristique des productions de Calexico entre des intermèdes instrumentaux atmosphériques, “Ritual Road Map”, “Untitled III”, “Untitled II”, “16 Track Scratch” et de plus longues plages où s’exprime le lyrisme du duo aidé par des invités réguliers tels que le guitariste Nick Luca, la violoniste Madeleine Sosin et les trompettistes Ruben Moreno et Martin Wenk, “Fade”, “Sonic Wind”, “Drenched”, “Tres Avisos”. Un superbe disque ouvert sur les horizons infinis du désert et pourtant si intimiste, une musique faite pour arpenter toutes les routes. Dans la même veine, “Feast Of Wire” en 2003, “Garden Ruin” en 2006 et surtout “Carried To Dust” en 2008, diffusent eux aussi ce charme unique, sans aucune faute de goût.