The Richmond Sluts
“RICHMOND SLUTS”
Voilà, c’est reparti. De San Francisco arrive donc ce quartette roublard. Chris B à la basse, excellent. Brad Artley à la batterie, correct, pugnace. Justin Lyn à l’orgue Hammond, frais. Et Shea Robert aux voix et à la guitare, look Keith Richards 1973. La musique ? Sonique déferlement ponctué de hurlements (“come on !” ces choses). L’auditeur averti est en territoire connu. Dans le carré de bitume autrefois défini par les New York Dolls, ces Putes de
Richmond (leur nom) saccagent leurs trois accords avec une énergie totalement ravageuse. Deuxième titre, riff bien creusé, façon Johnny Thunders. Le texte ânonne les habituelles insanités de junkie en manque (“Je dépense trop/ Envie de crever/ Tout ce temps paumé” ad nauseam). Le dealer aux abonnés absents, le chanteur conclut : “Avec des pilules, je vais passer cette soirée.” Oh yeah, mon gars. Quatrième titre : “Junky Queen”. Envoi à une belle salope (“elle est accro à la dope/ mais pas accro à moi”). Fin lettré, le guitariste démarre ça façon “Revolution” des Beatles. Le groupe encaisse cash, puis botte en touche. Giclée de Moog en intro de “Sad City”, histoire de ville où rien ne se passe, “Il y aurait plus d’action au
cimetière”. Le tempo sautille, guilleret. Rire de ses blessures. Rejoindre le gang. Conclusion sous la barre des trois minutes trente secondes, réglo. “Contagious” affole sérieusement. Grand titre, “Fillette je suis contagieux/ Ça va gicler/ Je suis en
rut !” Ejaculation précoce à une minute cinquante-deux. Oh well, nevermind, pour faire long il reste du Radiohead en rayon. Puis “Bittersweet Kiss” retour de la chienne Kathy aux onomatopées. “Paddy Wagon” est un hommage aux Ramones. Hymne à l’alcool, trop bu, réveil en cellule. Puis un décalque des Heartbreakers, “City Girls”, sur le mode conseil de grands
magazines féminins. Vérifier d’urgence en tripotant les gros seins d’une rédactrice de notre confrère 20 Ans. Quoi de meilleur qu’un neuvième rock surchauffé ? Un dixième rock, ultraspeedé. Ici notre chanteur a trop chanté, trop bu, trop tout. Il se croyait mort, la vue d’une impudente bougresse le requinque : solo Chuck Berry sur rythmique Groovies. Final blues, sept ans de malheur, titre un peu long (une minute quarante-quatre). Enfin “Yeah Allright”, dont acte. Question : ces jeunes gens savent-ils que Daft Punk existe ?