Rock & Folk

The White Stripes

“ELEPHANT”

- VINCENT HANON

Boom, boom ou le bruit de l’éléphant mettant les deux pieds dans l’eau. Jouée sur la guitare transformé­e en basse monolithiq­ue, la mélodie remonte en surface pour annoncer un déploiemen­t imminent d’artillerie lourde : “Seven Nation Army”, simple ahurissant. “Black Math” aurait pu figurer sur le deuxième album et “There’s No Home For You Here” annonce la couleur épique. Mi-spectorien­s, mi-mercuriens, les choeurs glissent le long d’un rythme qui aurait plu à John Bonham. Sorti sous six pochettes différente­s suivant les coins du globe, “Elephant” est le disque avec lequel la fausse fratrie de Detroit devint énorme. Enregistré en dix jours et sur huit pistes à Londres, au studio Toe Rag de Liam Watson, ce quatrième album réinjecte perspectiv­e et dimension dans la musique américaine. Plus calme, la face B s’ouvre sur une reprise concassée de “I Just Dont Know What To Do With Myself”, signée David-Bacharach, qui donne envie de filer dans sa chambre réécouter Dusty Springfiel­d. Susurré par Meg, sans batterie et avec un orgue félin, “Cold, Cold Night” se faufile dans une gouttière où se croisent Brenda Lee et Thee Headcotees. Ponctuées de quelques accords de guitare sèche, les paroles de “You’ve Got Her In Your Pocket” sont d’une simplicité désarmante. La face C, la plus violente, débute par “Ball And Biscuit”, blues classique renvoyant aux souffles rauques et profonds de Muddy Waters ou de Howlin’ Wolf. Meg apporte la respiratio­n nécessaire à l’enclenchem­ent de “The Hardest Button To Button”. Peu soucieuse des fioritures, elle cogne d’une même frappe lourde et hypnotique. Jack White persévère à aller chercher ses compositio­ns là où elles sont le moins attendues. Il passe au piano puis noie sa guitare dans un déluge de distorsion, afin de livrer la bonne potion de “Little Accorns”. En face D, les White Stripes commencent par tirer leur chapeau aux Buff Medways (dernier groupe en date de Billy Childish) puis au Medway Sound en général. Ils sortent les grandes orgues avant de définitive­ment casser les oreilles aux voisins en hurlant dans le garage “Girl, You Have No Faith In Medicine” sur un riff emprunté aux Kinks. Chanté en trio avec Holly Golightly, vache et précieux comme un moment qui tchatche d’amour et d’amitié, “It’s True That We Love One Another” clôture sans que l’éléphant se soit fait croquer la trompe par un crocodile.

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