Rock & Folk

Grandaddy

“SUMDAY”

- FRANCOIS BACHERIG

L’an 2000, ça n’a pas été les robots intelligen­ts nous parlent, mais plutôt Word qui plante tous les quarts d’heure. Tous ceux qui ont été gamins dans les années 80 ont éprouvé au tournant du millénaire le coup de barre de la génération Casimir. Mercury Rev, Sparklehor­se ou les Flaming Lips avaient alors ressenti la nostalgie néo-psyché de la Dictée Magique et du son des premiers synthés face à une technologi­e devenue barbante et impersonne­lle. Grandaddy l’avait encore mieux compris et c’étaient quatre barbus (et un imberbe) qui célébraien­t le blues des bits sur “The Sophtware Slump” sans manquer de s’adresser aux gens contraints de subir ce monde déshumanis­é. “Sumday” poursuit le mouvement, en un peu plus touche-àtout. On y retrouve ce son bricolé, parfois un peu trop satisfait de ne pas se fouler ( cf le jeu du batteur), un tantinet plus clair cependant que sur l’album précédent. S’y trouvent quelques réussites immédiates comme “I’m On Standby”, “OK With My Decay” ou “The Group Who Couldn’t Say”, satire jubilatoir­e d’un monde où on ne remarque même plus ce qui se trouve devant notre nez. Là où Grandaddy réussit à repousser ses limites, c’est dans l’enchaîneme­nt des chansons, avec des effets et mises en valeur tactiques qui renforcent une écriture et une production de plus en plus subtiles à mesure que le disque défile (superbes “‘Yeah’ Is What We Had”, “Saddest Vacant Lot In All The World”, “The Warming Sun”) jusqu’au flamboyant “... Final Push To The Sum”. Grandaddy continue sans doute de creuser son sillon (à la différence des Lips ou de Wilco) même si sa récolte 2003 prolonge le charme contemplat­if du cru 2000, en mûrissant sans jamais cesser de nous ouvrir les yeux.

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