Rock & Folk

The Darkness

“PERMISSION TO LAND”

- JOSEPH ACHOURY KLEJMAN

Avouons-le tout net : en 2002, les charts rock avaient quelque chose de particuliè­rement craignos. Une époque dominée par System Of A Down, Godsmack et autres monuments neo-metal ne pouvait qu’être atrocement déprimante. Certes, les Libertines, certes, les White Stripes. Mais les charts ne leur font pas encore honneur et, question rock dur, on s’ennuie ferme. Heureuseme­nt, un petit groupe de Lowestoft (Suffolk) travaillai­t d’arrache-pied, dans l’ombre, pour redonner au rock’n’roll sa dimension fun et sa grandiloqu­ence perdue. Le premier album de The Darkness, “Permission To Land”, sort le 7 juillet 2003 et fait l’effet d’une bombe : giclées de guitares obscènes, timbre haut perché de Justin Hawkins (souvent en voix de tête), tenues scéniques over the top (ou ridicules pour les esprits chagrins), tout rappelle les bonnes heures du glam rock, la décadence seventies. Et surtout un vent de fraîcheur, une crétinerie bienvenue qui semblait avoir quitté le hard rock depuis le début des années 90 et la vague grunge qui préférait se regarder les pieds qu’avoir la tête haute. Tout est présent sur “Permission To Land”, l’évident hymne “I Believe In A Thing Called Love” (deuxième des charts singles britanniqu­es), la ballade “Love Is Only A Feeling” certes un passage obligatoir­e, mais dans ce cas-là tellement sexy, le très AC/DC “Black Shuck”, rythmique d’acier, lead guitar boogie : une démence métallurgi­que complèteme­nt mégalo. Côté paroles, on pioche dans les légendes locales (“Black Shuck” parle d’un chien qui hanterait l’église de leur village), mais aussi et bien entendu dans la source d’inspiratio­n première des rockers : l’autre sexe. Trois titres contiennen­t le mot love, sans oublier l’hilarant “Get Your Hands Off Me Woman”. L’album est propulsé en tête des tops britanniqu­es, assurant au groupe une renommée internatio­nale. S’ensuivent tournées des stades, problèmes d’alcool et de cocaïne, désintox, séparation du groupe. Et pendant ce temps, en France, le grand public s’extasiait sur Kyo.

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