Iggy& The Stooges
“RAW POWER” COLUMBIA
Paris, février 1973. “Raw Power” est le disque du matin, celui dont on a besoin pour réveiller nos sens envapés après ces nuits de débauche où tout nous appartenait, sexe, drogues, rock... Il fallait Iggy pour donner cette adrénaline électrique qui nous faisait démarrer encore un jour de plus, bouger et agir. Alain nous récitait les paroles de “Search & Destroy” : “I’m the street walkin’ cheetah with a heart full of napalm/ I’m a runaway son of a nuclear A-Bomb.” Cette férocité des guitares de James W, c’était le speedball de nos années punk. Le heavy metal ! L’incroyable voix de Jim Pop chantant “The most forgotten boy, the one who’s searchin only to destroy”, préfiguration visionnaire. Manifeste punk, le message était clair : “Love in a middle of a fire
fight.” Puis l’Iguane devient caméléon, transforme sa voix tel un Sinatra punk dans “Gimme Danger”, version destructrice de l’amour outré, hymne à la soif du sexe. Celui que notre génération recherche dans les errances et vers les voix de la liberté. “There’s nothing left for me but some ugly memories/ Kiss me like
the ocean breeze.” C’est aussi l’exhibition des sens, “Penetration” plus que tout. “I Feel Your Disease”, chanson d’amour intemporelle. Le déchaînement des guitares rythmiques. Le solo de James W (l’arme secrète d’Iggy). “Your pretty
face is going to hell.” Souffrance, amour détruit, Iggy rejeté par une Joanna-bitch — “honey, it’s a cryin’ shame” — qu’il ne peut oublier. Puis vient “Raw Power”. Le martèlement du piano (voir “I Wanna Be Your Dog”) électrique, métallique, fracasse le rythme comme un automate désarticulé. James W, rapide, déjanté, imaginatif, écorche ses guitares crues et obscènes. Iggy tel un animal blessé aboie, crie, éructe. La voix devient un réel instrument. Rythmiques en collision des frères Asheton enragés, frustrés. “Don’t you try to tell me what to do/ Raw power he’s got no place to go/ Raw power, honey, you don’t want to know...” “I Need Somebody”, Iggy dont la voix se travestit en Jim Morrison. “Shake Appeal”, Iggy pris dans une jungle électrique attaque ce sex appeal par un rugissement digne de Johnny Weissmuller, version sauvage d’un sex
machine urbain. “Death Trip”, description apocalyptique de notre temps, basse vrombissante, énorme, guitare déchirante, coupante comme un ciseau d’acier. “We are going down into history.” MARC ZERMATI Skydog International