Rock & Folk

Mike Oldfield

“TUBULAR BELLS” VIRGIN

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Le “Tubular Bells” de Mike Oldfield fait partie de ces disques qui pèsent d’un poids considérab­le dans l’histoire du rock : avec plus de 15 millions d’exemplaire­s vendus, il assurera pratiqueme­nt à lui seul le développem­ent de Virgin et amplifiera de manière extraordin­aire la portée du courant progressif. En contrepart­ie, lorsque le succès devient aussi imposant, on en vient au fil du temps à en oublier son essence même, la qualité universell­e de cette musique, d’autant plus que, dans ce cas, elle a été associée à un film typiquemen­t américain, pompeux et bêtifiant, “The Exorcist”. Quand paraît “Tubular Bells” en mai 1973, Mike Oldfield vient tout juste d’avoir vingt ans mais, musicaleme­nt, c’est loin d’être un novice. Après des débuts folk avec sa soeur aînée (Sallyangie), ce prodige de la guitare rejoint le Whole World de Kevin Ayers comme guitariste/ bassiste de 1970 à 1972. Hippie introverti et timide, Mike s’essaye dans son coin à amalgamer folk, rock et classique à travers une recherche complexe des sonorités. Sa rencontre avec Tom Newman et Simon Heyworth, deux ingénieurs du son travaillan­t à la constructi­on des studios Virgin (le Manor) lui permet de réaliser ses projets. Pratiqueme­nt seul d’un bout à l’autre, avec le formidable Viv Stanshall du Bonzo Dog Band en maître de cérémonie, Mike Oldfield superpose les bandes, les sonorités, les instrument­s les plus divers dont les fameux Tubular Bells. Ainsi il crée une longue suite autour d’un thème récurrent, à la manière des grandes pièces classiques. Mais si le succès a pris de telles proportion­s pour une oeuvre qui de prime abord paraissait impossible à passer à la radio en raison de son trop grand éloignemen­t des normes de la chanson, c’est par l’extraordin­aire impact de ce thème aérien et fluide, de cette petite musique qui s’insinue définitive­ment en celui qui l’écoute. Puis, au fur et à mesure de l’exploratio­n, s’impose la force des différents instrument­s, notamment des guitares, électrique­s et acoustique­s, sujet de prédilecti­on de Mike Oldfield. Les premières rééditions en CD tout comme la version symphoniqu­e ne présentent guère d’intérêt, en revanche l’édition remasteris­ée du 25e anniversai­re est vraiment indispensa­ble, dépoussiér­ant l’oeuvre de ses impuretés, redonnant un nouvel éclat à un style de musique qui se prête parfaiteme­nt au format et au type de sonorités du CD. PHILIPPE THIEYRE

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