Magma
“MEKANIK DESTRUKTIW KOMMANDOH” VERTIGO
En 1970, le premier album du groupe, un double simplement intitulé “Magma”, avait fait sensation tant par la puissance d’une musique originale que par sa pochette et par l’utilisation d’une langue inventée, le kobaïen. Trois ans plus tard, la formation a subi de considérables modifications. Ainsi les cuivres ont cédé leurs prérogatives à un choeur de cinq chanteuses emmenées par Stella Vander et aux voix de Christian Vander, du chanteur Klaus Blasquiz et du clarinettiste René Garber. La formation de 1973 comprend également Claude Olmos à la guitare, Jean-Luc Manderlier aux claviers, Teddy Lasry aux cuivres et Jannick Top à la basse. Devenu le seul leader autour duquel le groupe va s’articuler, le batteur, chanteur et pianiste Christian Vander a composé l’intégralité de “Mëkanïk Dëstruktï Kömmandöh”. A l’origine, cette longue suite divisée en sept mouvements était le final d’une trilogie, “Theusz Hamtaahk”, qui ne sortira dans l’ordre prévu qu’en 2001 sur le coffret “Theusz Hamtaahk Trilogie”. Produit par Giorgio Gomelsky, “Mëkanïk Dëstruktï Kömmandöh” paraît en 1973 après avoir été enregistré aux Manor Studios en Angleterre, lieu appartenant à Richard Branson (Virgin), et complété au studio Aquarium à Paris. Imprégnés de sciencefiction mystique évoquant les colères de l’univers contre le mauvais comportement des Terriens, les textes sont bien entendu chantés, scandés en kobaïen dont les consonances gutturales renforcent l’ampleur majestueuse et la puissance percussive de la musique. Plus encore que lors des deux précédents albums, Magma s’éloigne de toute référence connue en s’appuyant sur les pulsations d’une rythmique de fer et de feu. Instruments et voix se fondent à l’unisson en une grande machine rythmique, bloc sonore qui percute l’auditeur et le transporte dans l’univers kobaïen. Toutes les influences se télescopent, jazz, rock, musique contemporaine, Stravinsky et Carl Orff dont Vander utilise une brève citation dans sa composition. Album le plus populaire du groupe, “Mëkanïk Dëstruktï Kömmandöh” permet à Magma de connaître une renommée internationale et de s’installer définitivement au firmament de la scène française, créant un courant musical à lui seul, la Zeuhl. Dans le cadre des 45 ans de Magma, l’album sera réédité en vinyle en mai 2015. PHILIPPE THIEYRE