Richard And Linda Thompson
“I WANT TO SEE THE BRIGHT LIGHTS TONIGHT” ISLAND
Membre fondateur de Fairport Convention, à 18 ans, en 1967, le guitariste/ chanteur Richard Thompson quitte le groupe en 1971 et enregistre son premier album solo l’année suivante, “Henry The Human Fly”. En 1972, il se marie légalement et artistiquement avec la chanteuse Linda Peters. Ensemble ils accoucheront de six petits vinyles, galettes emblématiques du folk-rock à l’anglaise. “I Want To See The Bright Lights Tonight” ouvre la série en 1974. Il a été bouclé l’année précédente, en une semaine, pour 25 000 francs, avec l’aide de vieux copains comme Timi Donald, Simon Nicol, Pat Donaldson ou John Kirkpatrick. A l’époque (et encore maintenant), Richard Thompson jouit surtout d’une solide réputation de brillant guitariste, encore amplifiée par la qualité de ses contributions aux disques de Nick Drake, Ian Matthews, John Martyn, Al Stewart, etc. Mais au-delà de ce brio instrumental, il possède également un sens aigu de la composition. Il a l’art de retranscrire en chansons des notations de la vie quotidienne, d’exprimer en quelques vers les désirs, joies, peines, espoirs et désespoirs, de donner un air d’immortalité à des mélodies tout juste écrites comme si elles appartenaient déjà au répertoire traditionnel. “I Want To See The Bright Lights Tonight” raconte l’attente du weekend, les virées du samedi soir, les espoirs déçus, la peur du lendemain et la joie éphémère des spectacles populaires. Linda et Richard se partagent les vocaux et les solos sont courts, servant plus à renforcer une atmosphère qu’à faire étalage de prouesses techniques. Le disque démarre à fond avec “When I Get To The Border” et son accordéon, puis enchaîne sur le lent “The Calvary Cross” (repris dans une version live de 1983 sur la compilation “Watching The Dark”), après une brève mais brûlante intro à la guitare. Les huit plages suivantes vont alterner entre des ballades qui n’ont que des histoires tristes à nous conter, “Withered And Died”, “Down Where The Drunkards Roll” et le pessimiste “The End Of The Rainbow”, dédié à sa fille qui vient de naître, et des morceaux franchement plus rock comme “The Little Beggar Girl” ou “I Want To See The Bright Lights Tonight” mais pas plus optimistes pour autant. “The Great Valerio”, le funambule seul sur sa corde audessus de la foule, clôt de façon dépouillée et émouvante ces “Lumières de la Nuit”. PHILIPPE THIEYRE