Genesis
“THE LAMB LIES DOWN ON BROADWAY” VIRGIN
En 1966, la formation originelle de Genesis se compose de Peter Gabriel (chant), Tony Bank (claviers), Chris Stewart (batterie), Anthony Philips et Mike Rutherford (guitares). Il faut attendre deux albums, “From Genesis To Revelation” et “Trespass”, pour que le groupe se stabilise. Débarquent alors Phil Collins, quatrième batteur en trois ans, et un guitariste surdoué, Steve Hackett. Suivent “Nursery Crime” et “Foxtrot”, révélant au public européen un Genesis complètement revigoré. Succédant au splendide “Selling England By The Pound”, le concept-album “The Lamb Lies Down On Broadway” sera la dernière livraison de l’archange Gabriel au sein de Genesis. Les histoires, issues de l’imaginaire d’un Lewis Carroll ou d’un Charles Dickens, cèdent la place à la froide et cruelle réalité de l’enfer citadin. Peter Gabriel crée Raël, personnage confronté à la jungle urbaine américaine en un itinéraire pathétique et poétique à la fois. L’album donne lieu à une tournée mondiale gigantesque, plus de cent dates, se terminant à Saint-Etienne en mai 1975. C’est pendant ce long périple que le leader de Genesis annonce sa décision de quitter le groupe. Ce sera un départ en forme de festival pyrotechnique. Les mises en scène se révèlent à la fois fantasques et grandioses. Devant un triple écran géant sur lequel défilent des images psyché, Peter Gabriel apparaît le cheveu court, jeans et blouson de cuir. Tour à tour mime, danseur et chanteur, bref, comédien accompli. Entouré de mannequins et affublé de masques et de tenues extravagantes, il vit son personnage comme personne. Evidemment l’album est somptueux de bout en bout. D’entrée, la première chanson éponyme est un formidable tube au lyrisme impressionnant. Et tout au long de l’histoire se succèdent des morceaux devenus depuis longtemps des classiques. Citons parmi d’autres merveilles, “In The Cage” et son solo de synthé Moog, un “Back In NYC” rageur ou encore “Carpet Crawlers” et “The Lamia”, subtils et délicats. Une succession d’ambiances et de musiques orchestrées par la même formation genesienne. De plus, tous les textes sont signés Peter Gabriel, affirmant à la face du monde son immense talent. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de partir à la fin de la tournée, non sans avoir contribué à l’élaboration de l’album suivant, “A Trick Of The Tail”. XAVIER CHATAGNON