Kiss
“DESTROYER” CASABLANCA
Parmi la profusion d’albums disponibles, difficile de se retrouver dans la discographie de Kiss. Maquillé ou non ? Disco pop à la manière de “I Was Made For Loving You” (1978) ou bien heavy metal down tempo à la façon de “Lick It Up” (1983) ? Choisir un album de Kiss, c’est se balader sur plus de 40 ans de carrière où les choix musicaux ne furent jamais réellement fixés. Et de fait, à part la passion revendiquée par Gene Simmons pour les femmes et l’argent, tout a changé dans le groupe qui s’est, durant sa longue carrière, essayé à de multiples combinaisons et de multiples looks. Toutefois, il est sans doute un album qui s’impose avant tout les autres. Il s’agit de “Destroyer”, produit par Bob Ezrin, alors mentor d’Alice Cooper. 1976, c’est une période de dingue pour Kiss qui existe depuis à peine trois ans mais qui tourne beaucoup, a déjà édité trois albums studio et un double album en concert, “Alive !”. La notoriété du groupe est grandissante, bien que celui-ci effraie encore une partie de l’Amérique conservatrice. Les rumeurs les plus folles circulent. Pour certains, Kiss signifierait
KidsIn SatanicService. Le fait que les musiciens n’apparaissent jamais en public sans maquillage suscite aussi des interrogations. Seraient-ils défigurés ? Ou bien s’agit-il de tatouages indélébiles ? Qu’à cela ne tienne, toute une jeunesse se reconnaît dans ce quatuor de super-héros qui cartonne en 1976 dans un comics Marvel ! “Destroyer”, bénéficiant de moyens de production sans commune mesure avec les albums précédents, lance le début d’une période de succès immense pour Kiss. L’album enchaîne les classiques, à l’instar de l’incroyable “Detroit Rock City” qui ouvre l’album avec une ligne de basse implacable et un chorus de guitare qui restera dans l’histoire. Epaulés par des compositeurs extérieurs (tels que Ezrin ou Kim Fowley), Simmons, Stanley et Frehley se succèdent à l’écriture. Tous les musiciens chantent, à part Frehley qui hésite encore. C’est le batteur Peter Chris qui interprète la ballade “Beth”, qui deviendra le premier numéro 1 du groupe aux Etats-Unis. “Destroyer” est un pur album qui aura plus tard un impact aussi bien sur la vague grunge que sur la culture garage psychobilly, ou même le doom metal (on pense par exemple au heavy glam “God Of Thunder” qui sera notamment repris par les Melvins mais aussi Entombed !). GEROME GUIBERT