Rock & Folk

Queen

“A NIGHT AT THE OPERA” PARLOPHONE

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S’il y a un groupe qui n’a pas été épargné par la critique (souvent à juste titre), celui-ci a la palme. Bête noire du journalist­e rock mondial, Queen a toujours représenté un problème pour l’esthète : défi au bon goût, look impossible, style indéfiniss­able (progressif ? hard rock ? pop ? synthé-toc ? disco ? Tout cela à la fois, réellement), refus de parler à la presse et surtout, surtout, succès planétaire inentamé pendant vingt ans. Ça, c’est forcément louche. Il suffit d’examiner toutes les tentatives comparable­s d’établir une liste des meilleurs albums de tous les temps : jamais un disque de Queen. Normal : ce sont les journalist­es qui choisissen­t et non le public, pour une fois. On se venge comme on peut. Il y a une bonne part d’injustice dans tout cela, que l’on se doit de réparer. Si un album des Queen mérite d’entrer au panthéon, c’est bien celui-ci. Baroque jusqu’au bout des ongles (qu’ils avaient vernis de noir à cette époque), “A Night At The Opera” contient énormément de bonnes chansons. Et parmi celles-ci, bien évidemment, “Bohemian Rhapsody”,

le morceau de Queen, celui qui propulsa le groupe au sommet, une sorte d’ovni, long de plus de six minutes, alternant pastiche d’opéra, slow qui tue, hard rock décoiffant et pop beatlesien­ne. Totalement original, jamais égalé, ce morceau mérite l’attention (même incrédule) : c’est du jamais entendu. Mais cet album contient également certaines perles ultra kitsch comme “Seaside Rendez-Vous” ou “Lazing On A Sunday Afternoon” qui ne sont pas sans rappeler certaines satires du vaudeville chères à Paul McCartney et Ray Davies, ou “Good Company”, titre jazzy truffé de cuivres sur fond de ukulélé. Le rock est présent bien sûr, avec “Death On Two Legs” qui ouvre l’album, ou le fameux “I’m In Love With My Car” de Roger Taylor (le rocker du groupe). Enfin, John Deacon, bassiste discret, affûte ses armes de songwriter avec l’excellent “You’re My Best Friend” au parfum délicieuse­ment Motown. Cet album, paru en 1975, était la production la plus importante depuis “Sgt Pepper...” (en temps, argent, etc) et, sans jouir de la place privilégié­e de son illustre prédécesse­ur dans l’Histoire, il mérite néanmoins qu’on lui donne une seconde chance. Côté critique, bien sûr, parce qu’au niveau des ventes, il n’a besoin de personne. STAN CUESTA

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