Rock & Folk

Bob Seger

“‘LIVE’ BULLET” CAPITOL

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Cet album d’anthologie date des, encore, grandes heures de Motor City et Bob se prenait pour l’héritier direct (bien que fan absolu de Little Richard) du premier screamer blanc de la ville auto, l’incomparab­le Mitch Ryder And The Detroit Wheels. Le fric coulait aussi dru que l’essence dans les V12, les carrosseri­es avaient encore des angles futuristes et des dimensions improbable­s et le rock de Seger allait connaître un essor national ces soirs du 4 et 5 septembre 1975 dans un Cobo Hall alors rutilant et mieux chauffé que la forge de Vulcain (la salle n’existe plus, détruite comme tant d’autres magnifique­s buildings durant la décadence des années 90 et 2000). Après huit albums studio, Seger n’était encore qu’une gloire locale mais ce live inouï va faire de lui un héros américain. Le ton est donné dès la reprise du “Nutbush City Limits” de Tina Turner en introducti­on. La puissance du groupe doté d’une section rythmique 4X4 impression­ne, donnant même aux ballades (“Beautiful Loser”, “Jodi Girl”, “Turn The Page”) des accents menaçants. “Travelin’ Man”, “Ramblin’ Gamblin’ Man” ou “Katmandu” entreront directemen­t dans le Panthéon des classiques de Seger après cet album tandis que “Heavy Music” et ses 8 minutes deviendra la définition d’un genre. Detroit restera, après les déflagrati­on de Frost, Amboy Dukes, MC5, Stooges et autres voisins, la ville du heavy rock. Seger en est la nouvelle courroie de transmissi­on. Du genre à faire passer le collègue du New Jersey (Springstee­n And The E Street Band) pour une gentille chorale d’anémiés. En début de face 2, la version du “I’ve Been Working” de Van the Man ramassée sur elle-même, se détend, s’envole, exutoire absolu de tension libérée tandis que “Get Out Of Denver”, sa réplique (écrite par Seger) illumine la quatrième et dernière face. Un rock and roll pur et enflammé immédiatem­ent adopté par les gymnastes amphétamin­és de Eddie And The Hot Rods. En guise d’homélie finale, le groupe conclut avec une version démoniaque du “Let It Rock” de Bo Diddley dépassant une fois encore les 8 minutes, ce qui vous laisse imaginer des moments de fusion et de déchaîneme­nts instrument­aux inédits. A faire pâlir les Stones. L’incendiair­e “‘Live’ Bullet” sort en avril 1976, atteint la 34e place des charts US et obtient un disque d’or plus que justifié. HERVE DEPLASSE

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