The Damned

“DAMNED DAMNED DAMNED” STIFF

Dans l’histoire du punk rock originel, les Damned sont à part. Pour résumer, ils seront les premiers à sortir un simple, les premiers à sortir un album, les premiers à être diffusés par John Peel, les premiers à tourner aux Etats-Unis, les premiers à se faire produire par un membre de Pink Floyd dès le deuxième album et, surtout, le groupe idéal pour n’être que la troisième roue de la mobylette punk tant peu de monde le prend au sérieux. Dès le début, ce groupe basé à Croydon, banlieue triste au sud du Grand Londres, sort de l’ordinaire tant ses membres sont à des années-lumière de la grande révolution musicale qui est en marche dans la capitale. Avant de tomber accidentellement sur le bon chanteur, les futurs Captain Sensible (basse), Rat Scabies (batterie) et Brian James (guitare) ont failli entrer directement à la case loser avec un combo dénommé Masters Of The Backside dont la chanteuse Chrissie Hynde passe plus de temps à les fouetter qu’à hurler dans son micro. L’expérience aura tout de même eu l’avantage de faire bien rire Malcolm McLaren et Vivienne Westwood conviés aux répétitions. Malgré ces débuts difficiles, les trois découvrent les Sex Pistols, débauchent un fossoyeur, Dave Vanian, pour en faire un chanteur et sont enfin prêts à prendre le train en marche. En quelques mois, ils se taillent une solide réputation qui leur vaut d’être signés par Stiff Records. En janvier 1977, le groupe est au Pathway studio sous la houlette de Nick Lowe. Le lieu est une pièce microscopique sans chauffage qui abrite une console huit-pistes. Malgré ces faibles moyens, l’endroit est réputé pour la qualité de ses enregistrements. En une journée, les Damned mettent en boîte l’album dans les conditions du live. Comme il fait un froid de canard, certains titres rapides sont enregistrés plus lentement puis accélérés avant le chant définitif. Plus tard, les mauvaises langues prétendront que les Damned ne pouvaient jouer très vite. C’est faux car la John Peel session est un poil plus rapide. L’absence de doublage de la guitare rythmique et le peu d’overdubs font de cet album le parfait exemple de l’enregistrement punk tel qu’il doit être, au naturel. Belle succession de hits (“New Rose”, “Neat Neat Neat”) et de pochades (“Stab Your Back”, “Fan Club”), ce vinyle d’exception ne pouvait qu’entrer de plein fouet dans la légende. GEANT VERT