Rock & Folk

Dwight Twilley Band

“TWILLEY DON’T MIND” SHELTER

-

Twilley n’aura été qu’une étoile filante, semblable en cela à maints chanteurs américains, oubliés au bout d’un morceau ou d’un album fabuleux. Mais les disques restent et “Twilley Don’t Mind” est l’une de ces petites merveilles comme on en voit paraître parfois (un disque pour ainsi dire sorti

de nulle part) comme l’étoile dont il était question plus haut. Poème de jeunesse au long duquel s’exprime ce romantisme électrique et mystérieux qui, depuis toujours, inspira les chefs-d’oeuvre du rock’n’roll, l’album parut à l’instant même où, à Londres et à New York, s’imposait le punk rock : beaucoup de groupes étaient alors en train de percer mais Dwight Twilley ne fut pas associé au tourbillon naissant... Le musicien venait de Tulsa (Oklahoma) et ceci était son troisième disque. Les rock-critics de l’époque, présentant cet opus, écrivirent qu’il s’agissait “d’un grand album des Beatles,

joué par les Stones”. Pertinent mais insuffisan­t : “Twilley Don’t Mind” voit également le génie mélodique de Buddy Holly rencontrer le spleen de Lou Reed. Un titre assez dur, “Here She Comes”, ouvre l’album. Très vite, l’auditeur est frappé par la beauté des accords de guitare et plus largement par l’état de rêve et de tension dans lequel semble évoluer le groupe. La chanson suivante, “Looking For The Magic”, porte bien son titre. A cette mélodie féerique, Dwight Twilley et ses compères (Phil Seymour et Bill Pitcock IV) ont su donner des accentuati­ons, un caractère contrasté qui en décuplent l’impact. “That I Remember” et “Rock’n’Roll 47” passent comme un songe. “Tryin’ To Find My Baby”, qui clôt la première face du vinyle, est un des sommets du disque. La chanson est construite sur l’une de ces irrésistib­les grilles d’accords que le rock a inventées et à travers lesquelles groupes et public communique­nt. Dwight cherche son amour sur l’autoroute. Et le rêve continue. “Twilley Don’t Mind” est une chanson légèrement charmeuse et “Sleeping” n’est pas inférieur au “I’m Only Sleeping” des Beatles, une de ces petites symphonies qu’affectionn­ait tant Phil Spector. “Chances To Get Away” vient ensuite, folk-song intense, jouée avec le son des Byrds. Après cela, “Invasion”, dernière chanson du disque, a quelque chose de triomphant. Le futur, certes, s’annonçait pour Dwight Twilley sous les meilleurs auspices. Mais il n’y eut pas d’autre “Twilley Don’t Mind”. BENOIT FELLER

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France