Rock & Folk

Arctic Monkeys

“WHATEVER PEOPLE SAY I AM, THAT’S WHAT I’M NOT”

- JEAN-VIC CHAPUS

Bonne vieille Angleterre. A peine les Libertines mis en bière, les mouches de la hype volaient déjà autour d’une nouvelle mule. Arctic Monkeys. Il serait question du groupe que la génération, élevée entre les White Stripes et Franz Ferdinand, attendait. Il serait question d’un groupe transpiran­t par tous les pores les us et coutumes britanniqu­es. “Comme The Jam ou Oasis”, s’emballait d’emblée le NME sur l’air du Ces gamins vont changer vos vies ! Normal, voilà quatre Oliver Twist de 19 ans et autant de signes d’appartenan­ce au romantisme prolétaire. A observer les dégaines des néo- working class heroes, on se croirait dans un film de Ken Loach. Peaux pâles, yeux dans le vague, accent heurté, mains dans les poches, idéalisme, arrogance, commentair­e social... Pour qui a aimé le Clash ou les Undertones, difficile de trouver pedigree plus pur. Mieux, le premier album “Whatever People Say I’m, That’s What I’m Not” (chouette titre de branleur) propose un amalgame de la gouaille de The Streets, des embardées funk des Stone Roses et des sprints des Buzzcocks. Même si le tout est présenté en version rongée par l’acné, on ne peut que reconnaîtr­e au quatuor de Sheffield un beau talent à trousser des mélodies touchant au but. Qu’ils s’intitulent “I Bet You Look Good On The Dancefloor”, “From Ritz To The Ruble” ou l’épatant “Mardy Bum” (animé de clins d’oeil aux Smiths), les hymnes du disque, dévoilent le même schéma : accords simples, tempo ahurissant. Les rythmiques slaloment, les guitares s’emballent. Puis parfois le tempo se relâche. Les yeux se mouillent le temps d’une superbe rêverie pop-folk, le cul posé dans l’herbe, la tête plongée dans les étoiles et la fumée des usines (“Riot Van”). La voix éraillée et la diction élastique d’Alex Turner (qui a autant à voir avec la scansion rap qu’avec les incantatio­ns folk) enfoncent le clou avec des mots de revanche. Ici, il est question de videurs refusant l’entrée dans les night-clubs, de filles allumant sur le dancefloor et refusant, ensuite, de se laisser peloter. Une vision de l’Angleterre pas glamour, d’accord, mais réelle. La jeunesse parle à la jeunesse. Il y a 13 titres ici et autant de façons de bégayer le “My Generation” des Who. 13 façons de transcende­r l’ennui urbain et les soirées entre amis devant un kebab et la PlayStatio­n sur fond de ska, punk, funk et pop.

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