Primal Scream

“RIOT CITY BLUES”

COLUMBIA Ce Bobbie Gillespie a certes une petite voix, mais sa collection de disques est appréciable... On l’a connu obsédé par le Velvet Underground et Moe Tucker chez les Mary Chain, puis par les Byrds sur le premier Primal Scream, après quoi il s’est concentré sur les Stones de “Sticky Fingers” avant de filer en Allemagne tête baissée pour publier des albums imbibés de krautrock à la Neu! parfaitement maîtrisés. Les expérimentations electro-rock teutonnes de “XTRMNTR”, “Vanishing Point” et “Evil Heat” étant arrivées à leur terme, l’Ecossais speedé décidait en toute simplicité de revenir à la source, histoire sans doute de montrer aux jeunes prétendants du rock garage à quel point son groupe est une formidable machine de guerre... “Riot City Blues” lorgne donc du côté de MC5, des Stones de “Exile...”, mais aussi des Pogues ou du rock garage texan originel (un titre, “The 99th Floor”, n’est pas la reprise du morceau du même nom des Moving Sidewalks mais y rend hommage le temps de quelques minutes totalement furieuses qu’on jurerait enregistrées en 1967 par les Standells). En dix titres, c’est une avalanche highenergy qui déclenche des lumbagos à répétition : coups de boutoir, assauts, fracas, nunchakus électriques, mawagachis rock and roll, on en ressort couvert de bleus avec quelques fractures, et l’essai est nettement plus concluant que leur historique “Give Out But Don’t Give Up” de 1994 sur lequel ils se prenaient pour des Black Crowes élevés au Fish & Chips. Avec un son dément (ces guitares en vrilles, la basse de Mani !) et de vraies chansons, il s’agit là d’une sorte d’Everest du rock and roll moderne. Bon courage pour suivre derrière ça.