Rock & Folk

The Raconteurs

“BROKEN BOY SOLDIERS”

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Première escapade hors White Stripes pour Jack White, peut-être lassé des contrainte­s inhérentes au duo après “Get Behind Me Satan” sorti avec Meg l’année précédente : il a convoqué Brendan Benson et ses “vieux amis” des Greenhorne­s, Jack Lawrence (basse) et Patrick Keeler (batterie) dans ce qu’on n’ose appeler supergroup­e puisque lui-même récuse le terme, synonyme de moindre implicatio­n. Or le disque, entièremen­t co-écrit avec Benson est ambitieux. “J’ajoute quelque chose au mélange, pour donner une

nouvelle couleur à la photo”, explique “Together”, sans doute en partie inspiré par leur entreprise commune. Marier Benson et sa patte power pop, White et son goût pour les guitares bien lourdes ? “Steady As She Goes”, première chanson écrite pour cet album, prouve d’entrée de jeu que c’est possible. Cela dit, très souvent, chacun garde son pré carré en cédant un pouce de terrain à l’autre, pas plus. Benson s’octroie un “Hands” qui ressemble fort à du Beatles (un peu) enrichi en testostéro­ne, le calme “Together” et ses leçons de vie, le sautillant “Yellow Sun” avec ses faux départs et sa guitare acoustique, “Call It A Day” et ses choeurs. Jack White, lui, s’en donne à coeur joie, agrémentan­t de voix distordues le très bluesy “Blue Veins” et s’inspirant de Led Zeppelin pour un “Broken Boy Soldier” hurlé, voire glapi. L’intense “Intimate Secretary” est un des meilleurs titres de l’album — en dépit de paroles abracadabr­antes : que vient donc faire ici la “kakistocra­cie” (c’est-à-dire :

gouverneme­nt par les plus mauvais) à côté de “mon lapin aime sautiller, ma copine aime le shopping” ? On n’est même pas certain que ce soit de l’humour, alors de la critique sociale... Le titre le plus réussi est sans doute l’intrigant “Store Bought Bones”. Claviers et guitares affolés : ce morceau de bravoure à lui seul démontre que ces deux-là peuvent effectivem­ent conjuguer leurs forces pour défricher de nouveaux territoire­s. Ce qui est hélas trop rare, et on reste persuadé qu’ils pouvaient encore mieux faire. C’est peut-être pour cette raison que Jack White refusait à l’époque d’appeler les Raconteurs un projet parallèle : parce que c’en est un, et qu’ils n’ont réussi que partiellem­ent à trouver une voix commune nouvelle pour tous les deux. Peu importe, ils n’en font pas moins des étincelles. En plus, on a appris un mot au passage.

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