Fleet Foxes
“FLEET FOXES”
Tout alla très vite en cette année 2008, trop peut-être, à la lumière des évènements ultérieurs. Les Fleet Foxes s’étaient scellés autour de Robin Pecknold et Skyler Skjelset, deux copains du lycée de Kirkland, dans la banlieue de Seattle, autour desquels s’étaient agrégés des musiciens/ chanteurs comme le clavier Casey Wescott et le batteur Nicholas Peterson. Tous ces jeunes gens, qui ne jurent (presque) que par les instruments acoustiques, décrochent un deal avec Sub Pop en janvier. Ils font sensation au festival South by Southwest en mars, publient le EP “Sun Giant” en avril puis ce premier album en juin, dont le succès va prendre tout le monde de court. A l’image de la pochette, une peinture de Bruegel du XVIe siècle, l’univers sonore des Fleet Foxes semble appartenir à des temps immémoriaux. Sa clef de voute réside dans la primauté des voix, entrelacées, tapissées les unes aux autres avec une finesse artisanale. C’est la pureté de cette sonorité primale qui saisit l’auditeur et l’emporte. Compositeur unique et chanteur principal, Pecknold n’a pas écouté les mêmes disques que les gens de sa génération. La ferveur céleste des harmonies vocales (“White Winter Hymnal”) est inédite depuis les grandes heures des Beach Boys ou de Crosby, Stills, Nash & Young (“Heard Them Stirring” et ses mélodies sans mot lorgnent vers le Crosby solo de 1971). Parmi leurs contemporains, les Fleet Foxes partagent avec My Morning Jacket le goût des voix nimbées d’écho. Le folk britannique des années 70, mystique et champêtre, se perçoit dans les somptueux “Your Protector” ou “He Doesn’t Know Why”. Cette musique totalement fraîche, inattendue, va connaître un profond écho, pour sa vertu simple et si rare : transporter. Un revival folk est annoncé par une presse anglo-saxonne dithyrambique, tandis qu’un demi-million d’exemplaires s’écoulent aux Etats-Unis, plus de cent mille en Angleterre. Derrière, le groupe enchaîne les tournées, s’y éreinte, commence et recommence son deuxième album. Las, celui-ci, “Helplessness Blues” (2011), perd toute spontanéité au profit de constructions alambiquées, oublie qu’il n’est de salut sans mélodie. Le groupe, depuis lors, est entré en hibernation. Aux dernières nouvelles, Robin Pecknold a repris ses études à l’université de Columbia.