Rock & Folk

Coldplay

“VIVA LA VIDA OR DEATH AND ALL HIS FRIENDS”

- JEROME SOLIGNY

Coldplay allait frapper plus fort que tout en 2008 avec ce quatrième album sorti dans un contexte hostile. D’abord parce que, c’est nul et comme ça, le groupe de Chris Martin, jugé uncool et méprisé par la presse rock (à qui les quatre musiciens allaient prendre ensuite la décision de ne s’adresser que du bout des lèvres) ne put compter sur elle pour avertir de la haute teneur en bonnes chansons du disque. Et puis, “Viva La Vida Or Death And All His Friends” a été commercial­isé au terme de la première décennie du nouveau siècle, alors que payer pour de la musique ne venait à l’idée de presque plus personne. Ainsi, c’est le grand public qui a fait que cette galette, en versions physique et numérique, a été la plus vendue de l’année de sa parution. Et comment en vouloir aux gens d’avoir succombé au charme de la chanson-titre, festive à souhait, de “Lost !” (ignorant ce qu’elle doit à Tom Petty) ou de “42” qui musarde du côté de “Fix You” et dont les guitares scintillen­t comme chez George Harrison ? Car si Coldplay cite et recycle ici, c’est d’abord parce qu’il a soif de reproduire, mais jamais à l’identique, ce qui l’a remué. Dans le fond, “Strawberry Swing” et “Death And All His Friends”/ “The Escapist” rappellero­nt peut-être Peter Gabriel à ceux qui aiment pointer les repères. Mais sur le plan de la forme et des enjolivure­s, Coldplay ne doit rien à personne si ce n’est aux producteur­s sollicités pour l’accompagne­r dans l’effort, dont Markus Dravs et Brian Eno. On ignore si c’est précisémen­t à lui qu’on doit les éclats de génie de “Lovers In Japan”/ “Reign Of Love”, la compacité martiale de “Violet Hill” ou le côté faussement foutraque de “Strawberry Swing”, mais toutes ces ruées dans des herbes folles, ces passages de col la fleur à la guitare (The Edge, un peu quand même...) convainque­nt, encore aujourd’hui, que cette pop-là, même si elle n’allait pas sauver le monde, en amortirait la chute annoncée. Enfin et surtout, ne pas oublier la contributi­on de Jon Hopkins dont la citation du splendide “Life Through The Veins” ouvre et clôt l’album. Emprunter ouvertemen­t un thème à autrui afin d’enchatonne­r un disque qu’il devinait crucial démontre que Coldplay, décidément cumulard, sait aussi s’ouvrir aux autres. Non, ce n’est pas non plus dans l’air du temps.

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