Rock & Folk

The War On Drugs

“WAGONWHEEL BLUES”

- BRIAG MARUANI

Ceux qui ont découvert cet album à sa sortie en 2008 le considèrer­ont toujours comme le meilleur du groupe. Si les deux suivants sont excellents ils n’emportent pas l’auditeur dans des sphères aussi lointaines. La mécanique devient assez répétitive et les rouages manquent d’aspérités. C’est après avoir rencontré le multi-instrument­iste Kurt Vile à Philadelph­ie, qu’Adam Granduciel, fraîchemen­t arrivé, fonde le groupe en sa compagnie. Ensemble, sur la base de bouts d’enregistre­ments et de samples accumulés par Granduciel depuis des années, ils inventent un son. Les synthés et les guitares forment des nappes trippantes d’inspiratio­n shoegaze. Rythmés par le tchi

ka boom d’une batterie souvent sous-mixée qui se superpose à une boucle minimalist­e. L’horloge interne de cette musique n’est pourtant pas le batteur, mais la voix totalement dylanienne d’Adam. Il réussit l’exploit de mouliner des paroles souvent accusatric­es, tout en créant une mélodie évidente. Il s’adresse à quelqu’un employant donc la deuxième personne du singulier : “Et toi tu es le genre de personne qui cache ses yeux du soleil/ Et dans votre monde seuls les forts survivent/ Mais je n’accepterai pas cela sans broncher” (“Arms Like Boulders”). Les préoccupat­ions écologiste­s hantent le disque. Comme si le nom même du groupe dénonçait l’acharnemen­t des gouverneme­nts à faire la guerre à la drogue plutôt qu’aux destructeu­rs de la planète. L’aveuglemen­t total des industriel­s dans leur course au profit. “Tu as l’air de me prendre de haut, d’être déconnecté de moi/ D’être un peu anxieux et un peu trop sympa/ Etais-tu en train de couper la cime des arbres l’un après l’autre ?/ Creusais-tu le fond de la mer pour trouver des diamants ?” (“Taking The Farm”). La structure de l’album paraît un peu alambiquée, mais logique dans son édition vinyle. On refait le voyage dans le sens inverse avec une impression de déjà vu. Le premier titre semble démarrer en cours de route et le passage instrument­al “Coast Reprise” cite le formidable “Show Me The Coast” qui n’apparaît que sur la seconde face. Mark Kozelek (Red House Painters), assez moqueur, le décrit comme le groupe le plus blanc qu’il ait jamais entendu. On pense forcément au jazz et aux brumes opiacées de l’oeuvre de Coltrane sur les notes de saxophone du merveilleu­x “There Is No Urgency”.

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