Paul Weller
“WAKE UP THE NATION”
2010. Deux ans auparavant, 20 Weller a sorti un double album (?!) 10 expérimental assez réussi intitulé “22 Dreams”. Il y montrait, entre autres, de nouvelles influences, dont celle d’Alice Coltrane. Mais vingt-quatre mois plus tard, il décide de sortir un album
urbain et métallique renouant par moments avec le classique strident des Jam, “Sound Affects”. Son nouvel album s’ouvre avec une apocalypse sonore, “Moonshine”, puis enchaîne sur un hymne déflagrateur avec lequel l’ancien tente, modestement, de “réveiller la nation”. C’est un titre vicieux et toxique dans la lignée de “From The Floadboard’s Up”, sorti en 2005, hommage teigneux à ses anciens héros Dr Feelgood, montrant que le Paul se ressaisissait après des années de classic rock plan-plan. Mais l’album “Wake Up The Nation” est préférable à “As Is Now” parce que non seulement les compositions y sont meilleures, mais plus variées : avec “No Tears To Cry”, il s’inspire des Walker Brothers et chante comme un dieu blue-eyed soul. C’est Clem Cattini en personne, familier des séances pop sixties anglaises, qui joue de la batterie tandis qu’ailleurs se bousculent Bev Bevan (The Move) ou Kevin Shields (My Bloody Valentine). Sans parler de Bruce Foxton, un tiers des Jam, venu le rejoindre sur “Fast Car/ Slow Traffic”, qui n’aurait pas ruiné la face B de “Sound Affects”. “Andromeda” est une merveille popsyke britannique, un genre très particulier auquel le chanteur s’est intéressé dès le milieu des années Jam, rapidement suivi par “In Amsterdam”, instrumental rêveur faisant directement référence au “Down In The Seine” du Style Council de “Our Favourite Shop”. A ce niveau de l’album, le client ne sait plus trop à quoi s’attendre, et il a raison. Psyché post punk (“She Speaks”), funk furieux falsetté (“Aim High”), country dézinguée (“Grasp & Still Connect”), féerie psycho-jazz nappée de Mellotron et de flûtes folles (“Whatever Next”) et, le plus bizarre chez lui, morceau néo glam-rockab invraisemblable (“Up The Dosage”), punkerie autodétruite (“Two Fat Ladies”) avec, au milieu, l’une des chansons les plus poignantes qu’il ait jamais écrites, au titre hautement explicite : “Find The Torch, Burn The Plans”. Le compositeur de “In The City” n’a définitivement pas dit son dernier mot, laissant derrière lui tous ceux qui lui ont couru après (Gallagher, Albarn, etc), sans parler de la classe 77.