Rock & Folk

Daniel Darc

“LA TAILLE DE MON AME”

- BENOIT SABATIER

Sa fascinatio­n pour les mythes rock était son moteur. Certains possèdent une carte de fidélité France Loisirs ; Daniel Darc, la sienne, c’était ces prénoms qu’il citait à tout bout de champ : Elvis, Keith, Lou, Iggy... Et le voilà dans les années 2000 à enregistre­r des disques qui doivent finalement plus à Georges Brassens (qu’il détestait) qu’à Jim Morrison (vénéré). Nous lui demandions pourquoi. “Je ne

vais pas chanter ‘J’ai pris mon flingue, je suis monté sur mon cheval, j’ai enfilé mon chapeau de cow-boy et je suis allé buter un mec.’ Faut pas déconner. Johnny Cash, Kris Kristoffer­son, c’est de la chanson américaine. Moi, française. Je ne veux pas être présenté comme un de ses descendant­s, mais c’est normal que Gainsbourg soit cité par tout le monde : il a beaucoup de talent, et surtout, en

France, aucun concurrent.” Obsédé par le style, Daniel Darc a toujours eu un problème avec celui des albums qu’il a chantés. Il reniait l’electro-pop de Taxi Girl. Solo, “Sous Influence Divine”, “Parce Que”, “Nijinsky”, il cherchait, jamais n’était satisfait. Le style de son album le plus populaire, “Crève Coeur” ? Un emballage trip-hop qui serait au Blue Öyster Cult (groupe qu’il adorait) ce qu’Indochine est aux Cramps — rien à voir, au niveau son. Et qui Daniel recrute-t-il pour “La Taille De Mon Ame” ? Laurent Marimbert, surtout connu pour avoir fait les 2Be3. Contre toute attente : c’est là que Darc affine le style qui lui convient. Beaucoup de chansons ressemblen­t comme deux gouttes de Bavaria à du Gainsbourg, mais l’ex-Taxi Girl nourrit le tout des références qui lui sont propres. “My Baby Left Me”, titre d’un morceau interprété par Presley, se termine avec des scansions de “Heartbreak Hotel”. Encore le King dans “C’Etait Mieux Avant” (“Elvis versa un poison qui le réanima”), aux côtés de Jim

Morrison (“Personne ne sortira d’ici vivant”), des Stones et Television (“J’ai peur des noix de coco depuis Keith Richards/ J’irai en enfer avec Richard Hell”), The Animals en introducti­on de “Quelqu’Un Qui N’A Pas Besoin De Moi”, titre qui rappelle Morrissey... “Je me demande si je suis devenu un vieux con,

s’inquiétait-il. C’est une connerie, dire que c’était mieux avant, mais quand même : nos vingt ans, c’est une période où tout ce qu’on grave l’est profondéme­nt.” En tout cas, c’était mieux quand il était vivant.

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