Fidlar
“FIDLAR”
Wu Lyf avait déjà fait le coup du nom basé sur un acronyme débile. S’inspirant d’une maxime existentialiste tirée de l’argot des skaters californiens, Fuck It, Dog.
Life’s A Risk, Fidlar a encore fait plus idiot. Comme ce blaze le traduit à merveille, Fidlar est un groupe de punks de Los Angeles, avides de toutes ces choses qui font palpiter le coeur un peu plus vite : alcool, drogues, rock’n’roll, les planches qui glissent, Patrick Swayze. Ces quatre-là jouent vite, fort, et célèbrent leurs excès dans des chansons qui ont un air de programme pour la prochaine bringue : “Cheap Beer”, “Cocaine”, “Whore”. De vrais branleurs en somme. “I drink
cheap beer, so what ? Fuck you”, braille Zac Carper en ouverture de cet album ébouriffant, érigeant ainsi le mauvais goût et le je-m’en-foutisme en art de vivre. Fidlar célèbre le do it yourself à l’ancienne, enregistre à la maison, fabrique ses propres T-shirts barbouillés, partage régulièrement ses démos sur internet et utilise un skate customisé pour poser ses pédales d’effets en concert. Mais si Fidlar aime se présenter comme une bande de crétins enivrés, le quatuor témoigne sur son premier album d’une certaine sophistication. Certes Fidlar excelle dans un punk frénétique inspiré de la scène hardcore locale des années 80 (“Cheap Beer”, “Wake Bake Skate”, “Five To Nine” rejetons des Germs et Black Flag) et aime aussi présenter une attitude frondeuse nourrie à l’adrénaline qui rappelle les Hives de “Veni Vidi Vicious”. Mais là où le groupe écrase la concurrence, c’est quand il s’agit de trousser autre chose que des bravades punk de deux minutes. Fidlar se démarque par la variété des territoires qu’il aborde. Bubblegum sous speed façon Jay Reatard (“No Waves”), pop garage ensoleillée à la Jacuzzi Boys (“LDA”, “Black Out Stout”), chanson folk-rock de gentil junkie (“Gimmie Something”), rock garage tout en guitares poisseuses comme on le fait à Detroit (“Stoked And Broke”) : Fidlar a plus d’un tour dans son sac. Derrière son apparente désinvolture se cache un groupe carré et précis. Nul titre n’en témoigne mieux que cette reprise lancinante de “Cocaine” (pas le tube bedonnant d’Eric Clapton, mais le blues de TJ Arnall popularisé par Woody Guthrie) où Fidlar témoigne d’une maîtrise et d’un sens de l’à-propos impressionnants. Un final apocalyptique qui clôt de belle manière cette splendide bacchanale punk.