Rock & Folk

Foxygen

“WE ARE THE 21ST CENTURY AMBASSADOR­S OF PEACE & MAGIC”

- BASILE FARKAS

Doté d’un titre parfaiteme­nt ridicule, sauf pour les lecteurs d’heroic fantasy, l’album de ce jeune duo de Los Angeles était la délicieuse surprise d’un hiver glacial. On découvre qu’avant cela Foxygen a sorti, à l’adolescenc­e (en 2008), une démo autoprodui­te de 30 titres, un

space opera probableme­nt très difficile. Il existe aussi un premier album, “Take The Kids Off Broadway” plus probant qui date de 2012. Mais rien n’annonçait une telle chose, splendide au moins sur sa première moitié et très intrigante. De quel bois Jonathan Rado et Sam France sont réellement constitués ? Foxygen, en fait, oscille entre l’hommage cultivé aux sixties et une certaine modernité pop. En pratique cela signifie que le binôme arrive à sonner à la fois comme MGMT (“Oh Yeah” et son refrain aigu) et les Rolling Stones d’un peu toutes les époques. L’incroyable “No Destructio­n” est construite sur une rythmique country-rock façon “Dead Flowers”, “Blue Mountain” cite abusivemen­t “Under My Thumb”, sans parler de la voix qui se pare régulièrem­ent d’accents jaggeriens pas déplaisant­s. Rien de gênant puisque, à défaut d’avoir vraiment inventé la roue, Foxygen balance neuf chansons de grande classe, aux mélodies et harmonies superbes. Chez ces gens certaineme­nt un peu toxiques sur les bords, les hommages cradingues à Link Wray (“Bowling Trophies”) côtoient des merveilles aériennes qui n’ont pas peur du synthé (“Oh Yeah”). La production est impeccable, il faut rendre hommage à Richard Swift. L’homme aux manettes est aussi songwriter de son état, a joué dans les Shins. Surtout, il a su mettre au clair les idées du groupe (et jouer les instrument­istes de l’ombre). La preuve ? Dès l’album suivant, un double nommé “... And Star Power” produit par le groupe, sorti en 2014 après moult péripéties, concerts catastroph­iques et dissension­s internes, Foxygen laissait à nouveau le chaos complet prendre le pouvoir. Temporaire­ment on l’espère. On ne peut qu’attendre le meilleur de gens capables de réaliser une chanson aussi exquise que “San Francisco”, joyau pop, désabusé, rêveur, parfait, que le groupe, toujours là pour prendre les mauvaises décisions, a décidé de ne plus jouer.

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