Rock & Folk

Television Personalit­ies

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“THEY COULD HAVE BEEN BIGGER THAN THE BEATLES” FIRE

A seize ans, en 1976, Daniel Treacy découvre la vraie vie : coursier pour le label de Led Zeppelin, Swan Song, il “livre sa cocaïne à John-Paul Jones et nettoie les traces de sperme dans l’appart’ de Jimmy Page les lendemains d’orgies sataniques.” L’ado travaille ensuite pour lui-même, sortant en autoproduc­tion ses premiers singles, dont “Part-Time Punk” (1978). Le punk a fait table rase du passé, alors que lui vit au milieu de mythes surannés. Son premier album, “...And Don’t The Kids Just Love It” (1981), avec sa pochette mettant en scène Twiggy et Patrick Macnee, avec ses hommages au vieux monde (“I Know Where Syd Barrett Lives”), avec ses comptines directemen­t remontées des sixties, participe du revival pop psychédéli­que qui agite alors le Londres undergroun­d. Pareil pour les deux albums qui suivent, “Mummy Your Not Watching Me” et “They Could Have Been Bigger Than The Beatles” : une pop bricolée à faire passer XTC pour Toto. “Ils auraientpu êtreplusgr­andsqueles

Beatles” : Dan Treacy n’est pas obligatoir­ement ironique. Pour lui, peu importe que les chansons de ses Television Personalit­ies soient enregistré­es avec un matériel dont ne voudrait pas le plus fauché des groupes de rue : il pense graver des compositio­ns qui rivalisent avec les plus grands. Et le pire, c’est qu’il n’a pas tort : il manque des cordes et des touches à ses instrument­s loqueteux, sa voix ne frôle le juste que par hasard, mais à l’arrivée, preuve de son génie, ses morceaux obtiennent le but recherché : ils bouleverse­nt comme jamais. Ici : “Games For Boys”, “Three Wishes”, “When Emily Cries”, “David Hockney’s Diary”... Pourtant, malgré ses nombreux fans célèbres (de Joe Strummer à Kurt Cobain en passant par David Gilmour, MGMT, Jesus & Mary Chain, Robbie Williams, Pavement), Television Personalit­ies n’obtiendra (spoiler) jamais une notoriété équivalent­e à celle des Fab Four. Alors, ses prochains disques seront plus sombres (sommet tardif : “My Dark Places”), parfois encore plus éclopés et boiteux, mais toujours saisissant­s. Un de ses chefs-d’oeuvre s’intitule “Reaching For The Stars”. Moins big que les Beatles, Treacy a quand même, lui aussi, touché les étoiles. BENOIT SABATIER

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