Rock & Folk

Iron Maiden

- THOMAS E. FLORIN

“POWERSLAVE” EMI

Il n’est rien de plus exaspérant pour la critique qu’un groupe qui rencontre le succès sans son accord. Iron Maiden s’est fait assassiner par toute la partie de l’humanité possédant une machine à écrire et, pourtant, son Zombie hilare n’en a jamais fini de faire vibrer des génération­s de metalheads s’adonnant aux deux activités adolescent­es ultimes : l’air guitar et la masturbati­on. Nous en déplaise, ainsi va le monde, le groupe étant toujours au top de sa carrière après 35 ans de pantalon en Lycra. Steve Harris et sa bande sont désormais salués par tous, autant pour leur longévité que leur intégrité. Cependant, une question subsiste : lequel des 15 albums studio du groupe placer dans la discothèqu­e idéale ? “Killer” et son mélange de punk / heavy metal ? Le tubesque “Number Of The Beast” ? Rock&Folk a choisi “Powerslave” pour sa démesure pharaoniqu­e, annoncée dès sa pochette. Quand l’album sort chez EMI en 1984, le groupe est constitué d’un noyau considéré aujourd’hui encore comme le personnel historique : Bruce Dickinson au hululement, la double attaque de guitares Murray/ Smith, et Nico McBrain embarquant la rythmique avec Steve Harris. Ce même groupe s’est déjà hissé numéro 3 des tops GB l’année précédente avec “Piece Of Mind“. Se sentant pousser des ailes, le groupe quitte son équipe de foot et son pub pour s’envoler vers les Bahamas, au Compass Point Studio très exactement. Fondé par Chris Blackwell, créateur du label Island, ce petit coin de paradis où travaille parfois Terry Manning (producteur/ musicien génial de Memphis) a déjà été le théâtre d’une flopée de grands albums : “Back In Black” d’AC/DC, The B52’s, “Remain In Light” des Talking Heads et “Nightclubb­ing” de Grace Jones. Lunettes de soleil sur le nez, short sur les fesses, le groupe retrouve son producteur attitré depuis “Killers”, un homme responsabl­e du premier Faces : Martin Birch. Mélangeant guitare lyrique et références littéraire­s (“The Duelists”, tirée d’une nouvelle de Conrad, “The Rime Of The Ancien Mariner”, poème anglais de la fin XVIIIe), le groupe ouvre l’album sur deux tubes : “Aces High“et “2 Minutes To Midnight”. Il honore son public de quelques guitares virtuoses (“Back In The Village”) et la fin de sa face B reste à ce jour le morceau le plus long du groupe. Histoire de battre des records personnels, Iron Maiden entre directemen­t numéros 2 des Charts avec cet album. Personne ne peut battre Maiden.

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