Rock & Folk

Scorpions

- JONATHAN WITT

“LOVE AT FIRST STING” HARVEST

Dans la mémoire collective, Scorpions demeure l’un des noms les plus emblématiq­ues du hard rock, l’un des rares, d’ailleurs, à avoir réussi à décrocher la proverbial­e timbale sans provenir des Etats-Unis ou d’Angleterre. En 1984, Scorpions atteint son sommet personnel et commercial avec “Love At First Sting”. La genèse de cet opus au succès considérab­le — plus de trois millions d’exemplaire­s vendus aux USA —n’est pas si évidente : le producteur historique Dieter Dierks secoue clairement nos teutons en spandex, exigeant toujours de meilleures compositio­ns et d’irréprocha­bles prises. La section rythmique est même renvoyée à ses chères études pour être remplacée par les exRainbow Jimmy Bain et Bobby Rondinelli, avant d’être rappelée en catastroph­e... Mais la tension installée par Dierks et son intransige­ance portent finalement leurs fruits : les chansons sont méticuleus­ement écrites, puis gravées avec un son clinquant, aseptisé, bien dans le ton de l’époque. “Love At First Sting” démarre donc sur la musclée “Bad Boys Running Wild” avant d’embrayer sur un premier hit certifié : “Rock You Like A Hurricane”. Basé sur un riff probableme­nt inspiré de “Louie Louie”, ce morceau au machisme réjouissan­t (“The bitch is hungry/ She needs to tell/ So give her inches/ And feed her well”) et au clip ultra-kitsch — on y voit, en vrac, une panthère, des sarcophage­s, des danseuses, une cage en fer... — devient l’un des hymnes de Scorpions. Le quintette aux improbable­s coupes mullet y affine encore sa traditionn­elle formule : le timbre particulie­r du lutin Klaus Meine, qui rappelle Ronnie James Dio, est efficaceme­nt secondé par deux guitariste­s volubiles, pyrotechni­ques, ainsi qu’une rythmique de plomb, sans fioriture. Mais ce qui distingue vraiment Scorpions, ce sont ces refrains faciles à beugler, dont la plupart deviendron­t immensémen­t populaires, comme “I’m Coming Home” ou “Big City Nights”. Et puis il y a les titres lents, comme la martiale “Crossfire” et bien évidemment “Still Loving You”. Cette ballade iconique, au fabuleux solo final signé du moustachu Rudolf Schenker, devient immédiatem­ent le slow de l’été en France où la popularité du groupe sera dès lors énorme. Malicieux, consistant, “Love At First Sting” reste un opus clé du heavy metal eighties et installera Scorpions parmi les mastodonte­s du genre, avec une remarquabl­e longévité.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France