Scorpions
“LOVE AT FIRST STING” HARVEST
Dans la mémoire collective, Scorpions demeure l’un des noms les plus emblématiques du hard rock, l’un des rares, d’ailleurs, à avoir réussi à décrocher la proverbiale timbale sans provenir des Etats-Unis ou d’Angleterre. En 1984, Scorpions atteint son sommet personnel et commercial avec “Love At First Sting”. La genèse de cet opus au succès considérable — plus de trois millions d’exemplaires vendus aux USA —n’est pas si évidente : le producteur historique Dieter Dierks secoue clairement nos teutons en spandex, exigeant toujours de meilleures compositions et d’irréprochables prises. La section rythmique est même renvoyée à ses chères études pour être remplacée par les exRainbow Jimmy Bain et Bobby Rondinelli, avant d’être rappelée en catastrophe... Mais la tension installée par Dierks et son intransigeance portent finalement leurs fruits : les chansons sont méticuleusement écrites, puis gravées avec un son clinquant, aseptisé, bien dans le ton de l’époque. “Love At First Sting” démarre donc sur la musclée “Bad Boys Running Wild” avant d’embrayer sur un premier hit certifié : “Rock You Like A Hurricane”. Basé sur un riff probablement inspiré de “Louie Louie”, ce morceau au machisme réjouissant (“The bitch is hungry/ She needs to tell/ So give her inches/ And feed her well”) et au clip ultra-kitsch — on y voit, en vrac, une panthère, des sarcophages, des danseuses, une cage en fer... — devient l’un des hymnes de Scorpions. Le quintette aux improbables coupes mullet y affine encore sa traditionnelle formule : le timbre particulier du lutin Klaus Meine, qui rappelle Ronnie James Dio, est efficacement secondé par deux guitaristes volubiles, pyrotechniques, ainsi qu’une rythmique de plomb, sans fioriture. Mais ce qui distingue vraiment Scorpions, ce sont ces refrains faciles à beugler, dont la plupart deviendront immensément populaires, comme “I’m Coming Home” ou “Big City Nights”. Et puis il y a les titres lents, comme la martiale “Crossfire” et bien évidemment “Still Loving You”. Cette ballade iconique, au fabuleux solo final signé du moustachu Rudolf Schenker, devient immédiatement le slow de l’été en France où la popularité du groupe sera dès lors énorme. Malicieux, consistant, “Love At First Sting” reste un opus clé du heavy metal eighties et installera Scorpions parmi les mastodontes du genre, avec une remarquable longévité.