John Fogerty
“CENTERFIELD” WARNER BROS
Fogerty impose un immense songwriting rock and roll et les bases de l’americana avec Creedence Clearwater Revival durant la fin des sixties et le début des seventies avec 7 albums de référence. Il sort en 1973 un premier album sous le nom de Blue Ridge Rangers, d’inspiration country. Le suivant sous son nom renferme le hit “Rockin’ All Over The World” mais il faudra attendre ce retour au milieu des eighties pour que Fogerty retrouve un statut iconique aux côtés de Springsteen, Neil Young, Dylan, Petty ou Seger. L’album doit son nom à un match de major league à San Francisco où Fogerty était assis au centerfield et il a été enregistré dans le même studio que le “Rumours” de Fleetwood Mac pour moins de 35 K€. “Centerfield” sort en 1985 et connaît un immense succès critique et public grâce au tube “The Old Man Down The Road” s’élevant à la 1ère place des charts rock quand ceux-ci voulaient encore dire quelque chose. Fogerty n’a rien enregistré depuis neuf ans mais il convoque ses principales amours musicales (le rock and roll originel et la country) pour effectuer son grand come-back. Afin d’être certain de ne commettre aucun impair, il se charge de tous les instruments et s’amuse à rappeler CCR avec un clin d’oeil final dans “I Saw It On TV”. “Rock And Roll Girls” un des titres majeurs du disque, fait figure de classique absolu de power pop, condensé des meilleurs moments de l’intégrale des Plimsouls, Beat, Shoes, Knack et autres. “Centerfield” sera un des grands succès de l’année et s’écoulera à plus de 2 millions d’unités aux USA uniquement, renouant avec le colossal succès commercial de CCR. Outre cet aspect mercantile, “Centerfield” ravit par sa qualité générale. Les chansons brillent de mille feux, la production idem, la voix si particulière domine le mixage et la pureté du son font que le disque évoque purement et simplement un merveilleux album de... Creedence. Les concessions faites à la technologie en cours dans les eighties apparaissent très ténue (l’intro et quelques bidouillages de “Centerfield”) et à ce moment-là, Fogerty ne cède en rien aux sirènes synthétiques du moment, se démarquant des camarades ZZ Top ou Neil Young. Son écriture retrouve la grâce et l’inspiration qui firent de lui le rocker le plus trans-générationnel de son époque bénie. Public et critique seront au rendezvous. Malheureusement Fogerty ne retrouvera jamais une telle aisance.