The Bangles
“DIFFERENT LIGHT” COLUMBIA
Si l’on songe rétrospectivement à la tournure infâme prise par notre musique au milieu des années 80 — mais peut-on encore parler de rock lorsque Duran Duran, A-Ha ou Wham! se disputent les premières places des charts ? — on comprend mieux l’enthousiasme que suscita la pop chatoyante des Bangles chez certains. Plus séductrices que les Go-Go’s et moins moches que Girlschool, ces quatre Californiennes n’auront pas lanterné pour marquer de manière indélébile la décennie de leurs harmonies étoilées. Bercées depuis leur enfance par les refrains de Lennon-McCartney, les soeurs Peterson (Vicky à la guitare, Debbi à la batterie) recrutent par le biais d’une petite annonce l’irrésistible Susanna Hoffs. Complété par la bassiste Annette Zilinskas, le quatuor féminin se baptise les Supersonic Bangs puis les Bangs, le temps de sortir un single autoproduit. Devenues les Bangles pour des raisons contractuelles, elles publient un maxi chez IRS en 1982, le premier et le dernier avec Annette Zilinskas qui cède sa place à Michael Steel, une ex-Runaways. Crédibilité instantanée. Harponnées par une major, Columbia, elles livrent, en mai 1984, “All Over The Place”, un splendide premier album où les influences garage et pop des unes voisinent avec le penchant pour les Beatles, les Byrds ou Buffalo Springfield des autres. Mais ce bel essai, déjà produit par David Khane (Fishbone), ne fera que préfigurer “Different Light”, le véritable chef-d’oeuvre que les Bangles produiront l’année suivante. Un deuxième LP qui démarre merveilleusement avec “Manic Monday”, titre écrit pour les filles par Prince lui-même — à l’époque il s’intéressait un peu au rock et beaucoup à Susanna Hoffs. Après cette ouverture, les Bangles sauront parfaitement faire la balance entre reprises déchirantes (le canonissime “If She Knew What She Wants” et le poignant “September Gurls” de Big Star), adaptation drôle, enjouée et couronnée de succès (le “Walk Like An Egyptian” de Liam Sternberg) et compos évoluant entre rock mélodique (“Walking Down Your Street”, “Let It Go”) et ballade meurtrie (“Following”). La grande force des Bangles résidait dans le fait qu’outre la splendide voix de la piquante Susanna Hoffs, le groupe pouvait encore compter sur trois solistes de haut rang avec Debbi, Vicky et Michael. Une belle abondance qui ne pouvait que déboucher sur cet album de pop parfaite.