Rock & Folk

Little Bob Story

- HERVÉ DEPLASSE

“RINGOLEVIO” ACCORD

Le meilleur album de la Story mais aussi son chant du cygne. Bob, immigré rital, se passionna depuis sa parution française pour le chef-d’oeuvre de l’Irlandais Emmett Grogan. Roman mâtiné d’autobiogra­phie, Grogan y dépeint sa vie de petite frappe new-yorkaise élevé au jeu de rue Ringolevio (ou Relievo). Avec la meilleure formation qu’il ait connue, Little Bob va concevoir un concept-album de pur rock and roll échappant aux atrocités sonores des années 80. Ici, des chansons infectieus­es, des rythmes puissants et une production sèche et roide ne laissant pas la moindre place aux futilités. C’est l’oeuvre de l’ex-Vibrators Pat Collier qui enregistra et mixa l’album dans son studio londonien de Greenhouse. Toutes les chansons du disque font mouche un quart de siècle plus tard. Les festivités commencent avec un beuglement de Lemmy, invité à jouer trois fois au MC sur l’album. Le titre “Ringolevio” roule sur un son heavy inédit pour le groupe, charge de panzer — la frappe de Nico Garotin est devenue impression­nante — soutenue par l’artillerie d’un Yves Chouard libéré de ses obligation­s avec Balavoine et Renaud. Ce n’est pas avec “Shadow Lane” ni “Life Goes On” que le rythme s’affaiblit. La débauche d’énergie coutumière chez l’Italien prend ici des allures de déclaratio­n de guerre. Tout change avec “Crosses On The Hill”, ballade lacrymale consacrée aux parents récemment disparu de Bob. Bob reste aujourd’hui le meilleur vocaliste rock de ce pays et c’est avec “Ringolevio” qu’il trouve une vraie maîtrise de sa voix et de sa façon de la poser. Grâce à la variété des chansons. Sa formidable reprise du “Hush” de Joe South en est la preuve tout comme le véritable hymne de l’album toujours d’une cuisante actualité (“Tell everybody

the truth”). “Motorcycle Boy”, inspiré par “Rusty James” de Coppola, pure gemme de garage rock speedé, ouvre alors grandes les portes du Bol d’or au Havrais, également béni par les motards pour son “Roads Of Freedom” final. Amateur éclairé, Bob reprend magnifique­ment le “Greenback Dollar” folk et prolétaire du Kingston Trio. Dernier atout de cet immense album, toutes les parties d’harmonica sont assurées par Mark Feltham, le souffleur de Nine Below Zero. Adoubé par la critique, “Ringolevio” ne connaîtra pas le succès commercial escompté par le groupe dont la séparation devient alors inéluctabl­e.

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