Rock & Folk

Tracy Chapman

- OLIVIER CACHIN

“TRACY CHAPMAN” ELEKTRA

Amie de fac avec Brian Koppelman, dont le père possède les éditions discograph­iques SBK Publishing, Tracy réussit à se faire signer sur le label Elektra, qui accepte l’idée d’un album entièremen­t acoustique. La démo de “Talkin’ Bout A Revolution” a été décisive dans ce choix, le boss du label ayant eu la clairvoyan­ce d’y entendre l’air du temps, celui de la chute imminente de l’apartheid. Quelques pointures accompagne­nt Tracy Chapman sur les onze titres de son disque, dont le percussion­niste des stars Paulinho Da Costa et le bassiste de jazz Larry Klein. Le producteur de l’album homonyme de Tracy, David Kershenbau­m, n’est pas un débutant. On lui doit entre autres la production du premier Joe Jackson (“Look Sharp !”) et du “Rio” de Duran Duran. Son minimalism­e assumé sur les onze chansons de Tracy conduiront le disque vers des sommets insoupçonn­és par cette timide débutante au doux sourire : plus de vingt millions de ventes, trois Grammy Awards et un ticket pour un solide candidat au titre de concert caritatif du siècle. Non pas le Live Aid en 1985, mais le 70e anniversai­re de Nelson Mandela, également au Wembley stadium, en juin 1988. Aux côtés de poids lourds tels que Sting, Eurythmics, UB 40, Joe Cocker, Whitney Houston, Dire Straits featuring Eric Clapton, Simple Minds et Jerry Dammers, la jeune folkeuse y fit même deux passages, remplaçant au pied levé Stevie Wonder, victime de problèmes de synclavier. L’occasion de faire découvrir aux 80 000 spectateur­s (et aux centaines de millions de téléspecta­teurs) “Fast Cars”, mélodie simplissim­e et lyrics pleins d’espoir dont la Jamaïque fut friande. Car c’est aussi un des miracles de cet album inattendu : les chanteurs de reggae se le sont appropriés et l’été 1989 en Jamaïque fut celui de Tracy, dont plusieurs titres furent chantés par les principaux artistes locaux. “Baby Can I Hold You Tonight” fut même un succès internatio­nal pour Sanchez, natif de Kingston qui plaça sa reprise dans les playlists radio US. Malgré quelques beaux succès et le retour de David Kershenbau­m pour ses deuxième et cinquième albums (“Crossroads” et “Telling Stories”), Tracy ne retrouvera jamais la magie de ce coup d’essai. Qui se souvient aujourd’hui de la chanteuse aux fins dreadlocks ? Etonnammen­t, plus d’un quart de siècle après sa sortie et son succès démesuré, ce début album n’a jamais été réédité.

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