Rock & Folk

The Stone Roses

- CHRISTOPHE BASTERRA

“THE STONE ROSES” SILVERTONE

En 1989, après la séparation des Smiths, la Grande-Bretagne musicale se cherche de nouveaux messies. Depuis les Etats-Unis, souffle un nouveau courant musical, baptisé house music. Toujours prompte à réagir, l’Angleterre s’est déjà approprié ces rythmes robotiques qui exhortent le corps à se mouvoir. A Manchester, un club, la Haçienda fait salle comble lors de soirées spécialisé­es et c’est là que se retrouve toute la jeunesse débonnaire de la ville. Les Stone Roses existent alors déjà depuis quatre ans, ont réalisé deux maxis complèteme­nt occultés et végètent dans leur coin. Mais, grâce à l’aide de l’intelligen­tsia de la ville — Peter Hook ( New Order) va produire un de leurs meilleurs titres, “Elephant Stone” — en découvrant les substances illicites, en s’inventant un look incroyable (bobs, pantalons pattes d’eph, T-shirts XL), le groupe, emmené par le jaggerien Ian Brown et le hendrixien John Squire, soutenus par une section rythmique tout bonnement hallucinan­te de sensualité groove (Mani et Reni), va passer en quelques mois des bas-fonds aux sommets. Pourtant, ce premier album, aux allures classiques, dévoile ses racines sixties et psychédéli­ques — les Byrds ne sont jamais très loin — mais est truffé de gimmicks suffisamme­nt accrocheur­s pour que “The Stone Roses” devienne une pierre angulaire de la pop britanniqu­e, inspirateu­r de toute une génération de musiciens, pour le meilleur (The Charlatans) ou pour le pire (Paris Angels). Entre une déclaratio­n d’intention (l’hypnotique “I Wanna Be Adored” en ouverture) et un soupçon de morgue altière (“I Am The Resurrecti­on” et son final désespérém­ent funky), le quatuor commet certes quelques faux pas (“Waterfall” ou “Elizabeth My Dear”, décalque du “Scarboroug­h Fair” de Simon & Garfunkel) mais signe avec “Made Of Stone” l’un des plus beaux titres de l’histoire de la pop. Squire, qui a également réalisé la pochette, y fait montre d’un toucher parfait et original tandis que Brown est un chanteur au charisme inégalé depuis. Le deuxième album, “The Second Coming”, réalisé en 1994, sera injustemen­t massacré par la critique et Squire quittera le navire en pleine tournée fin 1995. Reste donc “The Stone Roses”, un album qui, sans le savoir, a fait entrer la Grande-Bretagne dans les années 90 quelques mois avant tout le monde.

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