Rock & Folk

Big Brother& The Holding Company

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“CHEAP THRILLS” COLUMBIA 19 68

La chanteuse Janis Joplin, qui venait de décliner une offre des 13th Floor Elevators là-bas dans son Texas natal, rejoint en juin 1966 à San Francisco les quatre acidheads de Big Brother, Sam Andrew et James Gurley aux guitares, Pete Albin à la basse et David Getz à la batterie. Leur prestation explosive au festival de Monterey en juin 1967 va soudaineme­nt les propulser sur le devant de la scène médiatique. Le label Mainstream, avant Columbia, en profitera pour publier “Big Brother And The Holding Company”, un bon premier album mis sur bande en trois jours à Chicago. Pour le suivant, ayant acquis l’essentiel de leur réputation par les concerts, les cinq musiciens envisagent de prime abord de sélectionn­er des enregistre­ments en public, puis, peu convaincus du résultat, décident de recréer en studio les conditions du live pour pouvoir peaufiner les arrangemen­ts sans perdre leur énergie exceptionn­elle. “Cheap Thrills” (juillet 1968) comblera tous leurs voeux : le disque, agrémenté d’une remarquabl­e pochette de Robert Crumb (approuvée par les Hell’s Angels de San Francisco), éclate de vitalité et, qui plus est, atteindra les sommets des charts US pendant huit semaines. Pourtant on entendra dire plus tard que le groupe n’était pas à la hauteur du talent de Janis Joplin, qu’il n’était pas assez pro, etc. Foutaises ! Effectivem­ent, “Cheap Thrills” (qui à l’origine devait s’intituler “Dope, Sex, And Cheap Thrills” — titre résumant fort bien la philosophi­e du groupe) n’est pas un disque de Janis Joplin mais de Big Brother. Il lui arrive même de partager les vocaux avec Sam Andrew. Elle doit souvent se battre pour faire entendre sa voix au milieu du déluge de feu des guitares et c’est justement ce qui lui permet de se surpasser, comme sur “Summertime” ou “Ball And Chain”. Sans les solos rageurs, distordus et crissants de Sam Andrew et de James Gurley, ces deux morceaux ne seraient que de bonnes interpréta­tions de standards du blues. “Combinatio­n Of The Two”, “I Need A Man To Love” et “Oh, Sweet Mary” sont des compositio­ns formidable­s, bien dans l’esprit du San Francisco de l’époque, “Piece Of My Heart” une incursion dans le R&B et “Turtle Blues”, un véritable blues de bastringue signé Janis Joplin. PHILIPPE THIEYRE

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