Rock & Folk

The Beatles

“THE BEATLES”

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APPLE 19 68

“The Beatles”, mieux connu sous le nom de White Album (voire Double

Blanc), est un vrai faux disque des Beatles. Il va sans dire que pour John et Paul, 1968 restera avant tout l’année de la Femme. Milliardai­res en livres sterling, les Fab Four avaient inventé Apple en 1967, une machine à broyer leur argent, et John, toujours stupéfiant, se faisait assez souvent arrêter pour détention de drogue. C’est dans cette ambiance sereine qu’ils enregistre­nt le seul double album de leur carrière. Depuis trois ans, ils squattent les studios Abbey Road. Paul, qui habite au bout de la rue (St John’s Wood), arrive toujours avant les autres et bosse souvent seul avec George Martin. John, qui vient en général à deux, écoute ce qui se trame d’une oreille distraite et trouve souvent ça nul. Parfois il acquiesce (“Fockin’ goud !”) et on peut passer à la suivante. “The Beatles” est une autre merveille. Malgré la situation, on les sent soucieux de remettre les pendules à l’heure et, en trente titres, ils racontent leur pop music, qui se trouve être aussi la nôtre. La rock (“Back In The USSR”), la parfaite (“Dear Prudence”, “Martha My Dear”), la rengainass­e (“Ob-La-Di, Ob-La-Da”), la molle (“I’m So Tired”), la triste (“Julia”), la fondue au noir (“Wild Honey Pie”), la baba (“Mother Nature’s Son”), la pas croyable (“Glass Onion”). Il n’est un secret pour personne que cette encyclopéd­ie n’était pas à proprement parler un travail commun et laissait augurer de l’avenir (proche) où les Quatre de Liverpool ne passeraien­t pas un hiver cool. En fait, les autres aideront le compositeu­r de la chanson à l’enregistre­r, certains titres étant même faits à trois, à deux, voire seul, dans le cas de Paulo. Vu l’ambiance, Ringo fit une grosse colère et quitta momentaném­ent les séances mais, comme Yoko laissa tomber un Kleenex au même moment, John n’en sut jamais rien. Entre autres choses, Lennon est aussi coupable du sonique “Revolution 9”, qui n’est pas sans rappeler “Two Virgins”, et c’est bien un certain Eric Clapton qui joue comme Harrison l’imitant, sur l’extraordin­aire “While My Guitar Gently Weeps”. Enfin, signalons que McCartney, déjà responsabl­e à lui seul de plus de la moitié de l’oeuvre (dont l’arrogant “Helter Skelter”), écrivit pour tuer le temps, pendant ces séances, une autre bricole qu’on ne trouve pas sur “The Beatles” : “Hey Jude”. JEROME SOLIGNY

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